Crise de la Dette : la France loin d’être à l’abri; austérité à prévoir.

Depuis plusieurs mois et les divers plans de sauvetage successifs mis en place pour les pays Européen peinant de plus en plus à emprunter, le refrain affirmant que l’économie française demeure une des plus forte d’Europe continue à être chanté à tue tête dans les médias. Voulant nous persuader que ces plans de restructurations et mesures d’austérité ne toucheront pas la France, ces déclarations cachent en réalité une précarité économique beaucoup plus grande.

En effet nombre d’économistes demeurent plutôt circonspects sur notre avenir économique : Après les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne), la France ne pourrait-elle pas être montrée du doigt comme le prochain maillon faible de l’économie Européenne avec le cartel de réforme d’austérité et de casse social que cela implique ? C’est en tout cas ce qui est de plus en plus affirmé dans les cercles économiques car. Bien que la France ait un endettement plus faible que les pays précédemment cités (82% du PIB contre 120% pour l’Italie et 160% pour la Grèce) la nature de cette dette à de quoi inquiéter. Alors qu’en Italie 60% de la dette est possédée par les italiens seulement 35% de la dette française est détenue par ses résidents. C’est donc près des deux tiers de cette dette française qui tournent sur les marchés mondiaux.

Ajoutons à cela les importations qui se multiplient vis-à-vis des exportations (balance commerciale déficitaire à hauteur de près de 7.5 milliards par an).

Ajoutons également le fait que cette dette croît actuellement de plus de 7% par an alors que celle de l’Italie, qui a pourtant nécessité un plan d’austérité draconien ne croît que de 4.7% par an.

Ajoutons enfin la charge de la dette (montant de la dette à rembourser annuellement) qui s’envole à cause d’une partie indexée sur l’inflation[1] et vous comprendrez aisément comment on va nous imposer un plan d’austérité radical dans les années voire les mois à venir. Surtout qu’à elle seule la dette de la France, 1650 milliards, pèse près d’un quart de la dette de la zone euro, son influence sur les marchés mondiaux est donc considérable.

La menace de la baisse de la notation AAA (c’est à dire une augmentation importante des taux d’intérêts, car le risque que la France ne puisse pas rembourser serait considéré comme plus important par les agences qui conseillent les capitalistes) risque d’être rapidement brandie poussant au développement de réformes d’austérité et de rigueur et ce quel que soit le gouvernement alors au pouvoir. Casse généralisée violente et rapide des services publics et privatisation à tout va sont donc à prévoir. Les coupes dans les minimas sociaux et le développement du travail gratuit (en échange du RSA ou dans le cadre de la formation) vont également nous être rapidement imposés. Face à cette crise systémique du capitalisme dû à un manque de débouché pour le réinvestissement du Capital, la seule perspective pour ceux qui le détiennent reste la course en avant. Tout est fait pour repousser l’échéance inéluctable de la contagion de la crise car aucune perspective de sortie ne se profile à l’horizon. Aujourd’hui le capitalisme est en train de tomber de tout son long sur le sol, à nous de lui donner un grand coup de pied dans la tête pour en finir une bonne fois pour toute.


[1]  ( L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix, c‘est a dire qu’avec la même somme d’argent on peut acheter moins de marchandises : Normalement, lorsqu’il y a une forte inflation, c’est favorable pour les endettés, puisque c’est la valeur de l’argent qui diminue, et que leur dette c’est une somme d’argent : leur dette vaut donc mécaniquement moins … Sauf si un mécanisme d’indexation sur l’inflation est mis en place: dans ce cas là, plus il y a de l’inflation, plus la dette grossis en conséquence. Et ça pèse encore plus car les prévisions de l’État, comme d’habitude se sont révélées fausses : ils tablaient sur une inflation plus faible, résultat la dette a augmentée plus que le ministère des finances ne l’avait prévu.)

3 comments

  1. Bref, Aubry (ou Hollande mais je pense plus que ce sera Aubry) en 2012, élue sur un programme de “retour a plus de justice sociale (!) et qui derrière nous fera le coup des Papandréou, et consorts.
    Big programme d’austérité en perspective… A voté!

  2. “à nous de lui donner un grand coup de pied dans la tête pour en finir une bonne fois pour toute.”

    Quels sont vos positions ? Des perspectives d’organisations ?

    La crise capitaliste ne nous emmènera pas mécaniquement vers les lendemains qui chantent… la barbarie guette.

    1. Elle ne mènera pas mécaniquement non plus vers la barbarie.
      Tout dépendra de l’activité de crise du prolétariat.
      Ce qui est certain c’est que nous changeons radicalement de période de lutte. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, par contre il semble que le capitalisme soit sur une pente très glissante qui va grandement précariser nos conditions de vie dans les années voir les mois à venir. Cela va nécessairement créer de fortes réactions et un rejet des plans d’austérité qui nous seront imposés.
      Ce qui change fondamentalement des luttes passées c’est que le capitalisme a de moins en moins la possibilité de nous laisser grappiller les quelques miettes qui nous permettait de nous raccrocher à lui. Et les luttes ne peuvent du coup que de moins en moins aller dans le sens d’une simple demande de meilleur intégration sous le Capital.
      Une résistance forte à l’austérité pourrait aisément mettre le système économique actuel dans une précarité encore plus grande.
      La dialectique deviens donc beaucoup plus simple :

      – Soit l’acceptation de la rigueur, de l’austérité ou volonté de proposer n’importe quel autre plan permettant soit disant de “relancer la machine” dans la volonté de préserver le système économique en place (ce qui inclut les plans du type sortie de l’euro, nationalisations diverses, autogestion généralisée des moyens de productions capitalistes ou je ne sais quel autre invention)

      – Soit la lutte contre l’austérité annoncée (par des moyens éprouvés de type blocage de l’économie par exemple), ce qui équivaut de plus en plus directement à une remise en cause générale du système en poussant ses contradiction jusqu’au bout, en l’acculant de plus en plus.

      Après c’est sur qu’à la fin on peut perdre, mais nous arrivons aujourd’hui à un tournant historique de la lutte de classe dans lequel l’activité du prolétariat sera déterminant et mènera soit au Communisme ou à la Barbarie.

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