Années 70. C’est la fin de ce que certains ont appelés les 30 glorieuses, et le taux de profit plonge. De nombreuses luttes ouvrières se développent partout dans le monde, il est temps pour le capital de contre attaquer pour survivre. Ce sera la restructuration, une contre-révolution capitaliste, reposant en bonne partie sur une vaste offensive contre les salaires, contre la reproduction des prolos (payés par ces salaires).
La nouvelle donne, c’est travailler plus, plus intensément, plus longtemps… Pour être payé moins. Moins de paye directe à la fin du mois, mais surtout moins de paye indirecte, c’est à dire de prestations sociales: retraites, santé, chômage, etc.
En parallèle, une part importante de l’appareil productif est délocalisé dans les pays où les prolos sont beaucoup moins bien payés. Si on ajoute à ça la généralisation du taylorisme, jusque dans les emplois de services (par exemple l’instauration de quotas, d’objectif journalier à remplir), on a la formule avec laquelle les capitalistes ont réussi à résoudre la baisse des profits.
Cette restructuration s’est imposée via ce qu’on appelle la financiarisation de l’économie:
La phénomène est en fait assez simple, et si on le décortique, on s’aperçoit qu’il n’a rien d’un “parasitisme” de l’économie réelle comme l’analyse les partisans de la ré-industrialisation et autres fans de l’économie réelle VS la finance mondiale.
Tout d’abord, premier mouvement: Les capitaux, qui ne trouvaient plus à s’investir dans l’économie dite “réelle” (les usines par exemple) sont partis dans les secteurs qui promettaient un plus fort rendement, comme les produits financiers.
Deuxième mouvement: Pourquoi la finance permettrait elle un meilleur rendement? Eh bien, elle ne permet pas à coup de baguette magique de meilleurs rendements. Mais elle permet une plus grande fluidité des capitaux: ceux-ci s’engagent et se désengagent sans cesse, via les marchés financiers. J’achète un paquet d’actions lorsque le cours est favorable, et à la moindre rumeur, je me tire je reprend mes billes pour les déposer ailleurs.
Troisième mouvement: Du coup, comment faire lorsqu’on est une grosse boite, pour trouver des investissements? Puisque le capitalisme de papa, c’est fini, et qu’il faut aller chercher le pognon là où il est, c’est à dire sur les marchés, eh bien, allons-y!
Mais pour rester “compétitifs”, paraître rentable et donc vendable, il faut des mesures drastiques de restructurations aux entreprises, délocaliser, licencier… etc. Et si ce n’est pas les patrons old-school qui le font, qu’à cela ne tienne! L’histoire des années 80 est pleine de financiers rachetant des entreprises, licenciant à tour de bras avant de les revendre ( comme Bernard Tapie en France… ).
En somme, au travers du développement de la finance, c’est une forme de gestion collective (ce qui ne veux pas dire d’intelligence collective, on ne va pas s’avancer sur ce débat ici), par le capital, de la lutte des classe. Et le tout s’engage dans une fuite en avant toujours plus radicale. Seul moyen de restaurer le profit en berne via des attaques toujours plus massives.
La finance n’est donc pas «un parasite » économique sur un corps sain. Elle est la manière même dont le capital s’est sorti de sa crise.
Le souci, c’est que si les capitalistes se démerdent pour produire moins cher, il faut bien qu’il les vendent, leurs produits!
Or avec quel argent les prolos des pays du centre du capital, qui sont et restent le principal marché, vont ils acheter tout ces trucs, s’ils gagnent moins? Mais en s’endettant, tout simplement!
C’est la solution magique, en fait: les états imposent moins le capital, lui permettant d’accumuler plus. Les prolos consomment, bien qu’ils soient moins bien payés. Et la dette explose. ( Voir à ce sujet notre article: qu’est ce que c’est… La crise de la dette)
On verra quand on verra…
Les dirigeants de tous bords se foutent de nous quand ils réclament un encadrement rigoureux de la spéculation, car c’est tout le système qui, dans sa phase actuelle, a besoin de la spéculation et du crédit
Nombre d’hommes politiques si prompts à faire le procès des marchés financiers aujourd’hui en arrivent à oublier que ce sont eux, quel que soit leur bord politique, qui ont purement et simplement délégué leurs politiques économiques à ces mêmes marchés au début des années 1980 dans le monde anglo-saxon et depuis le milieu des années 1980 en Europe continentale.
C’était alors la fameuse période des 3D : dérégulation, désintermédiation et déréglementationcf écouter Serge Halimi – Le Grand Bond en Arrière [HD] – YouTube
cette époque, les marchés étaient parés de toutes les vertus aux yeux des politiques : financement efficace de l’économie en désintermédiant la relation entre le prêteur et l’emprunteur. Une des vertus était aussi le financement massif des dettes publiques (comme en France avec la participation de banques – SVT – spécialistes en valeurs du Trésor lors des adjudications mensuelles de titres d’Etat).
Il est facile de condamner aujourd’hui la prétendue folie des marchés en leur demandant de souscrire aux émissions de bons du Trésor et en leur interdisant de vendre ceux-ci lorsqu’ils estiment, à tort ou à raison, que les politiques budgétaires ne sont pas suffisamment rigoureuses et mettent en danger la solvabilité de certains Etats