Justice Républicaine ou marteau de la violence de classe ?

Dans cette brève, on va se limiter à présenter des chiffres marquants et à leur apporter un peu d’éclairage. La justice est présentée comme étant aveugle et ne représentant les intérêts d’aucune catégorie sociale. Voici quelques chiffres qui remettent ça en question :
 
  • Nombre d’affaires passant en comparution immédiate en 2011 : 43 000
  • Nombre de condamnations en comparution immédiate faisant l’objet d’un mandat de dépôt (prison ferme) : 15 200, c’est-à-dire que 35% des personnes passant en comparution immédiate vont en prison.
La comparution immédiate est une procédure de jugement ou l’accusé est jugé sans avoir le temps de préparer sa défense.
  • Nombre d’affaires passant au tribunal suite à une procédure normale avec instruction : 14600
  • Nombre de condamnations suite à une instruction qui font l’objet d’un mandat de dépôt (prison ferme) : 720, c’est-à-dire que 4,9% des personnes qui ont un procès avec instruction vont en prison.
On rappelle qu’une procédure normale met plus de temps. Elle demande une instruction et permet aux avocats de préparer la défense du prévenu.
Les personnes qui passent en comparution immédiate ont donc sept fois plus de chance d’aller en prison que ceux qui ont un procès normal.

Qu’est ce que ça veut dire?

Au premier abord, ces chiffres sont hallucinants pour qui “croit en la justice de son pays”. En effet, les comparutions immédiates sont consacrées aux délits « les moins graves » et sont censées permettre des aménagements de peine pour désengorger les tribunaux. Comment expliquer qu’un tiers des personnes qui passent en comparution immédiate pour des délits légers aillent en prison, et seulement 5% des délits « graves » ?

Une seule explication : la justice de classe.

En effet, la comparution immédiate est une procédure ou l’accusé n’a pas le temps de se défendre, et où les avocats n’ont ni le temps ni souvent la volonté de faire une bonne défense. C’est surtout le type de procédure ou se retrouvent les auteurs de « petits délits » qui sont plutôt l’affaire des plus pauvres : bagarres, deal de shit, vols, petits cambriolages.
Ceux qui peuvent payer un avocat qui leur donne des bons conseils, mais aussi les « délinquants en cols blancs » qui sont plus souvent issus de la bourgeoisie passent au tribunal avec une instruction, et vont donc beaucoup moins en prison.
Ceux qui se retrouvent en comparution immédiate sont souvent issus des quartiers populaires, de la classe ouvrière. Cette procédure est souvent un abattoir où se défendent faiblement les prévenus sans avoir préparé leur procès. Ils font face à des procureurs et des juges qui sont souvent issus de la bourgeoisie ou des classes moyennes supérieures : à la clé, des peines de prison.
Voici comment un paradoxe apparent, le fait que ce sont les personnes soupçonnées d’avoir commis les délits les moins graves qui aillent en prison est résolu : La justice n’est pas “un outil protégeant les français”, mais une arme aux mains des classes dominantes pour briser les plus pauvres.

Pour aller plus loin:

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La violence des riches: chronique d’une immense casse sociale, Paris, Zones.
Voir aussi un article de presse:  La justice des pauvres et des “colorés”.

One comment

  1. Salut tantqu’ilistes, avé tous et toutes!
    Oyez,
    En France il y a des personnes âgés en prison, des “papis” (le maton disait cela) de plus de 70 ans : 3,5 ou, 3,6% de la pop. carcérale, c’est là que le type à la radio a dit qu’il faudrait construire des “maisons de retraite prisons” comme il a fallut faire “des hôpitaux prisons”, j’ai entendu ça sur France cultuure, l’autre jour. Des écoles prisons, des quartiers prisons, des prisons prisons, des cimetières prison, non faut être humain quand même!
    allez Salutate adé.

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