Les autorités chinoises avaient des difficultés, lundi 13 juin, à restaurer le calme dans les rues de la ville industrielle de Guangzhou, dans le sud-est de la Chine, après un week-end de violences, apprend-on sur le site du LA Times.
Tout a commencé vendredi 10 juin, devant un supermarché de Zengcheng en banlieue de Guangzhou, quand la police a voulu chasser des migrants chinois du Sichuan, en Chine intérieure, venus vendre des produits à la sauvette. La bousculade de l’une des vendeuses, une jeune femme enceinte, a alors déclenché la fureur de ses collègues. Au cours des affrontements qui ont suivi, des voitures de police ont été retournées, des vitrines brisées et des feux ont été allumés.
Afin de calmer le jeu, les autorités chinoises ont poussé le mari de la jeune femme bousculée à s’exprimer lors d’une conférence de presse et ainsi faire état de la bonne santé de son épouse et de l’enfant à naître. Pour le maire de Zengcheng, Ye Niuping, cette histoire a été «utilisée par une poignée de gens qui voulait causer des troubles».
Pourtant, la semaine précédant ces incidents, des heurts violents avaient déjà eu lieu à Chaozhou, à 340 kilomètres de Guangzhou, avec là aussi des travailleurs originaires du Sichuan en colère. Ces derniers réagissaient à l’agression de l’un des leurs dans une usine de céramiques, agressé alors qu’il demandait le paiement de son salaire après deux mois de retard.
Selon le Wall Street Journal, le pouvoir chinois a de quoi s’inquiéter, le pays subit depuis trois semaines une vague d’affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants dans plusieurs régions du pays. Ces troubles mettent en évidence la montée des tensions entre les travailleurs migrants de l’intérieur du pays, pauvres pour la plupart, et la population urbaine de la côte, plus riche et mieux considérée. Le Parti communiste chinois doit désormais faire face à une société de plus en plus complexe et fractionnée.
Pour le moment, les différents mouvements dans le pays ne semblent pas coordonnés, mais les autorités restent nerveuses et multiplient depuis février 2011 les arrestations de dissidents, notamment ceux appelant à une «révolution du jasmin» sur le modèle de celles que connaît le monde arabe.
Geoffrey Crothall, un analyste du China Labor Bulletin à Hong Kong cité par le LA Times, résume la situation ainsi:
«La colère monte chez les ouvriers. Les gens sont frustrés. Avec l’augmentation des prix, ils arrivent à peine à faire face aux dépenses essentielles du quotidien et les jeunes ont de plus en plus de difficultés à trouver un travail décent. Une petite étincelle peut tout faire exploser.»
source: http://www.slate.fr/lien/39485/chine-manifestations-violences