Cet article est le premier d’une série portant sur les états-unis et la crise de la dette.
Une dette publique étasunienne qui crève le plafond, menace sur la stabilité du marché des Bonds du Trésor, crise du dollar à l’horizon, grève des fonctionnaires de certains états qui font face à une offensive sans précédent… Jeudi 30 juin, c’était aussi la fin du Quantitative Easing II, une « politique monétaire non conventionnelle » mise en place par la Banque Fédérale… Le 2 août ce sera, si aucun accord sur le relèvement du plafond de la dette n’est trouvé d’ici là, la cessation de paiement pour les USA… L’Armageddon, selon Obama. Mais tout ça, c’est (sans jeu de mots) pour la grande majorité, du chinois.
Tentative de décryptage:
What’s up chez l’oncle Sam? Le 16 mai dernier, la dette américaine atteignait le plafond autorisé par les parlementaires soit 14 294 milliards de dollars. De quoi remplir un bon paquets de coffres de Picsou! Bon. Et alors? On aurait tendance à penser que quand on en est arrivé à ce niveau la, un peu plus ou un peu moins… Il suffit de le relever, ce plafond légal, non?
Sauf que comme dirait l’autre, celui qui a le pouvoir, c’est celui qui est prêt à tout1.
C’est en tout cas le raisonnement des Républicains, majoritaires à la chambre des représentants qui en profitent pour faire chanter l’administration Obama: si vous ne nous mettez pas en place un programme de réduction des déficits à douze chiffres2, on refuse de voter la hausse du plafond, et on bloque tout.
Ce qui signifierait la mise à pied des fonctionnaires, le défaut de paiement des retraites, tout un tas de réjouissances, « l’équivalent financier d’une bombe nucléaire3 »…
Pour l’instant, par une série d’artifice comptable, en particulier en pratiquant le flux tendu pour le paiement des retraites, le trésor américain temporise, gratte un répit de quelques mois4. Et même si les républicains sont sous la pression de la droite radicale du Tea Party, il y a peu de doutes sur le fait que les démocrates et eux ne finissent par trouver un compromis.
Guerre au prolétariat
Bien sur, pas question de réduire les dépenses militaires:
Dans le viseur, les programmes sociaux Medicare et Medicaid ( Medicare est le nom donné au système d’assurance-santé géré par le gouvernement fédéral des États-Unis au bénéfice des personnes de plus de 65 ans. Medicaid est un système d’assurance-maladie, créé en 1965, géré par les États et le gouvernement fédéral, pour apporter une aide aux personnes et familles ayant de très faibles ressources.). Là aussi, une véritable « bombe nucléaire », mais celle ci dirigée contre les plus pauvres des américains en particulier dans un contexte de vieillissement de la population… Une fois terminée la bataille des chiffres et la querelle des méthodes ( privatisation partielle pour Obama ou totale pour Paul Ryan ) la curée pourra commencer.
Objectif affiché: économiser plusieurs milliers de milliards de dollars sur le dos du prolétariat américain.
En sachant que déjà, plus de 10% des américains ne sont plus à jours de leurs échéances de crédit, contre moins de 5% avant 2008, que plus de 200 000 nouvelles procédures d’expulsions de logements chaque mois… Bref, tout les ingrédients de l’explosion sociale sont réunis. Quand le chômage augmente, que les prix augmentent, que les vieux et les plus pauvres ne peuvent plus payer de frais médicaux, même pour le plus urgent… Et le pire dans tout ça, c’est que toutes ces mesures radicales contre les prolos ne suffiront surement pas à sortir les USA du marasme économique. En perspective, la fin du Quantitative Easing II, et le gros trou d’air pour les finances américaines: le pire est ( semble t il) devant nous.
C’est en réalité un cercle vicieux qui s’amorce: les réactions capitalistes à la crise ne font que l’aggraver… jusqu’à l’affrontement direct avec le prolétariat.