Détail des mesures d’austérité à Chypre

Chypre vient de prendre la présidence tournante de l’Union Européenne le 1er juillet. Son président, Dimitris Christofias, seul dirigeant « communiste » de l’UE, ( il est membre de l’AKEL, le parti communiste chypriote vainqueur des dernières élections)  glapit son refus des mesures d’austérité alors que le pays vient de demander l’aide de la Troika ( Union Européenne, Banque Centrale Européenne, Fonds Monétaire International ) . La réalité est tout autre : le pays a déjà mis en place deux plans d’austérité… 
Chypre c’est en bas a droite, mais certainement pas rouge…

L’austérité succède a l’austérité, les élections passent et des mesures toujours plus dures sont prises. Elles visent à réduire le prix de la force de travail, à faire baisser les salaires directs et indirects. 

Quels sont les détails de ces mesures ? Il est difficile dans la presse bourgeoise de trouver réponse a cette question, les approximations sont de règle, on parle vaguement de baisses, évoque ça et là divers aspect des plans sans les détailler. Il est plus important du point de vue de cette presse de revenir sur les réactions des marchés, et c’est normal. 

Quand à nous, nous lançons la publication d’un panorama international des mesures d’austérité contre le prolétariat, pays par pays.

Ces mesures sont autant d’attaques contre les prolos, camouflées derrière  des annonces bidons sur des mesures exceptionnelles en direction de la bourgeoisie: On en a rien a foutre de la cosmétique du pouvoir, et on va donc se concentrer sur l’important.

Nous n’indiquerons pas toutes les sources , il y en a trop: c’est tout simplement très difficile de compiler toutes ces données, les médias bourgeois ne s’étalant en général que très peu la dessus. Une liste de références tout de même en bas de page.

Mesures:

Deux packages d’austérité

 

Bien que dans le cadre d’une présidence « communiste » qui « refuse » les plans d’austérité, deux plans de rigueur ont déjà été adoptés depuis le début de la crise, le dernier datant de décembre 2011. Voici la liste des mesures de « non-austérité » adoptées par les “communistes” Chypriotes.
– Mise en place d’une taxe de 9% sur les intérêts de certains prêts.
– Augmentation des charges salariales des fonctionnaires et gel de leurs salaires sur une période de deux ans, qui équivaut à un baisse réelle.
– Augmentation de la fiscalité sur les salaires de 0,5 à 3,5% selon l’échelle des salaires.
– Augmentation de la TVA de 15% à 17%
– Augmentation de l’impôt sur la défense Nationale
A mettre en parallèle avec une Taxe royale sur les banques prélevant 0, 03% de leur chiffre d’affaire. Le grand capital tremble.
 
Éléments de contexte : du coté du pouvoir…
Malgré les deux plans d’austérité, ou peut-être à cause de ceux-ci, la situation économique continue de se dégrader, et le pays doit recapitaliser ses banques exposées très fortement à la dette grecque. L’agence de notation Fitch estime que les besoins totaux des banques chypriotes pourraient atteindre quatre milliards d’euros, soit 23 % du produit intérieur brut du pays (PIB).
Le salaire réel diminue continuellement depuis 2010. La diminution du pouvoir d’achat devrait atteindre environ 10% pour la période 2010-2013.
En dépit des  félicitations de Mario Draghi qui se congratulait des mesures de rigueur  prises à Chypre, – étouffé par un déficit public de 6,3 % du PIB-  le pays  dépose une demande d’aide à la Troika le 25 juin 2012.
 En bon schizophrène, le président Demetris Christofias, unique dirigeant prétendument communiste de l’Union européenne, a dénoncé l’échec des politiques d’austérité, dans un discours prononcé devant le Parlement européen  le mercredi 4 juillet.
Le cas chypriote est assez révélateur de la marge de manœuvre  qu’ont les néo- réformistes (de type Front de Gauche) qui prétendent refuser l’austérité. Malgré leurs déclarations, ces pseudos-communistes ont mis de manière docile en place deux plans. Même s’ils semblent rechigner à en appliquer un troisième, on est très loin de toute remise en cause du capitalisme. Comme le déclare si bien le président Christofias : « Ne vous inquiétez pas, le communiste ne va pas nuire à l’UE. Je ne vais pas faire une révolution! »
Mouton rouge, ou Surimi  de l’Europe ?
De même, l’AKEL, naguère défavorable à l’Union Européenne car perçue comme le moyen d’imposer des politiques néolibérales aux populations, s’en accommode très bien comme le montre cette déclaration de l’AKEL :
 “L’AKEL au sein du Groupe de la Gauche dans le Parlement Européen continuera à mener la lutte pour une Europe des peuples, pour les droits et les intérêts des travailleurs d’Europe, pour une Union Européenne plus démocratique, sensible à la question environnementale, libérée des politiques belliqueuses et militaristes »
Au cas où les marchés ne seraient toujours pas rassurés il rajoute : « Je n’essaierai pas d’appliquer ma propre idéologie communiste (à l’UE). J’utilise le système capitaliste, mais de façon juste
Le pas de deux du président chypriote entre la Troïka  et les capitaux russes ne devraient pas trop perturber la pleine acceptation de la rigueur par le « mouton  rouge» de l’Europe selon le quotidien La Tribune.
Il nous semble par ailleurs que nous ayons plutôt affaire au « Surimi » de  l’Europe, rouge à l’extérieur et blanc à l’intérieur qu’au « mouton rouge »,  mais nous laisserons nos lecteurs trancher.

Réponses du prolétariat:

Le fait que l’AKEL (parti communiste) contrôle de manière efficace les syndicats limite les luttes. Il  reste  tout de même quelques éléments de réponse :
– Grève générale de 12 heures de la fonction publique  le 15 décembre  2011 qui paralyse l’ensemble du pays.
Le 2 mars 2012, le trafic sur les aéroports de Larnaca et Paphos est bloqué par la grève des contrôleurs aériens.
Le 9 mai 2012, grève des chauffeurs de taxis sur l’ensemble de l’île.

 Sources

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