Les expropriations sont monnaies courantes en Chine, et sont souvent contestées violemment. Les terres agricoles sont en général sous un régime de propriété collective, c’est à dire la propriété de la collectivité locale. Ceci dit, elles peuvent être expropriées par l’État, en particulier depuis la réforme constitutionnelle de 2004 qui les facilitent.
Selon les statistiques officielles de 2007, 65% des incidents de masse en zone rurale seraient provoqués par des expropriations.
Ainsi, dans la province du Fujian, en Chine, de violents affrontements ont opposé flics et habitants… Dès le 4 mai un grand nombre de policiers armés de matraques électriques ont chassé les villageois qui protestaient, nombres d’entre eux ont été blessés et arrêtés. Ceux-ci protestaient contre des expropriations, et contre la faiblesse des indemnisations d’expropriation… D’autant qu’il s’agirait de construire une raffinerie dont ils craignent les retombées en terme de pollution.
Rappelons que la pollution, en Chine, c’est pas de la gnognotte:
– 70 % des lacs, rivières et fleuves, et 90% des nappes phréatiques ou l’eau est puisée, sont trop contaminés pour y abreuver directement les animaux.
– Au moins 760 000 personnes meurent chaque année prématurément à cause de la pollution.
– On dénombre officiellement plus de 400 “villages du cancer” (des zones proches des usines et des voies navigables polluées où les taux de cancers ont atteint des niveaux spectaculaires).
Les affrontements ont duré sur plusieurs jours, et la police a arrêté pas mal de gens, dont plusieurs personnes âgées. En désespoir de cause, le 11 mai dernier, près d’un millier d’habitants se sont rassemblés devant le bureau du comité de village de Nanhu, ou la police les attendaient. Ils ont jeté des pierres sur la police, police qui s’est en suite planquée dans l’immeuble. Les villageois sont ensuite entrés dans le bâtiment et ont capturé plusieurs fonctionnaires, dont le flic en question.
Les villageois de la ville Dongqiao, dans l’agglomération de la ville de Quanzhou ont pris en otage les fonctionnaires, dont un officier de police de la force spéciale qui a été ligoté et a défilé à travers la ville.
D’après le site Révolution de Jasmin en Chine, les deux parties sont parvenues à un accord d’échange de prisonniers, les villageois acceptant de libérer les fonctionnaires arrêtés, en échange de la libération par la police de plus d’une douzaine de villageois l’ont arrêté.
Moralité: seul le rapport de force paye face à la violence de l’état bourgeois.