Produire et acheter français: une farce sinistre.

Les idées nationalistes resurgissent en Europe. C’est qu’en temps de crise, le passé fait recette. Et on ne parle pas ici de mettre en avant la danse folklorique dans le Poitou et les plus belles chansons de Patrick Sébastien : Nos nouveaux Saint Louis et Jeanne d’Arc (ou Mireille, on sait plus) s’attaquent à l’économie.

Alors voici un petit Kit de démontage de ces discours, qui font l’objet d’un quasi consensus sur l’échiquier politique, depuis l’extrême-droite version Soral, jusqu’à la gauche du PS.

De nos jours, un ouvrier tout jaune coûte moins cher qu’un ouvrier « made in France » (même s’il est tout jaune d’ailleurs… à vous dégoûter d’employer des français). Et comme dans la pub Duracell, un ouvrier chinois travaille carrément plus longtemps. Du coup, les patrons tendent à s’installer à Pékin plutôt qu’à Maubeuge.

Alors, depuis quelques années des discours protectionnistes se développent. Pour contrer les délocalisations, il faudrait « produire et acheter français ». Et si les gens préfèrent acheter chinois quand même : qu’a cela ne tienne, on taxe fortement les produits en provenance de Chine, et bing, ils valent super cher, et ne sont donc plus si compétitifs que ça.

Avec un bon coup d’intervention de l’État, un peu de stratégie industrielle de derrière les fagots, on se retrousse les manches, et au boulot les prolos !

En commençant la lecture, on pourrait se dire « mais ils sont tarés, si on intervient pas pour sauver l’emploi, alors les prolos du coin n’ont plus qu’a se faire virer sans rien dire» ?

Bien entendu que non. Simplement, le discours nationaliste qui tend à mettre en cause les pauvres bougres qui bossent à l’autre bout du monde, est une farce sinistre.

 RAPPEL : il n’y a pas de « fin de l’industrie ». En revanche une grande partie de la production industrielle est partie des pays du centre, ou le capitalisme est né, pour aller vers les pays de la périphérie. ( Par exemple la Chine, mais aussi l’Inde, le Vietnam…)

Si on parle de centre et de périphérie, c’est que ce sont des termes qui nous semblent plus clairs, moins confus que « pays riches» ou « émergents ».

Centre et périphérie renvoie ainsi a la manière même dont le capitalisme s’est développé : partant de certaines régions du monde (le centre) pour investir progressivement les pays alentours, puis l’ensemble du monde ( la périphérie). De plus, ces termes renvoient directement aux relations de puissances entre ces différentes régions du monde, relations issues du développement du capitalisme.

 Ainsi, si pendant toutes ces années (en particulier les dites « 30 glorieuses ») on a pu avoir un capitalisme qui bon an mal an, assurait un emploi plus ou moins pour tous ici, c’est parce qu’on fabriquaient et refourguaient des cercueils au reste du monde et avec leurs propres arbres en plus. A ce sujet, voir notre article sur l’industrialisation.

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Arnaque N°1«  Il faut relocaliser la production »

(Entendre : il faut diviser par deux les salaires. »)

 

Comme on le disait donc, jusqu’au années 70, l’industrie dans les pays de la périphérie, c’était quasi que dalle. Maintenant les prolos des pays périphériques fabriquent eux-mêmes leurs cercueils (et les nôtres), et le chômage explose ici… Ça s’appelle faire jouer la concurrence entre les ouvriers.

Et la deuxième étape, c’est le chantage : OK on revient vous faire bosser, mais faut être moins gourmand les cocos. Bah oui, pour inciter les patrons à relocaliser, il faudrait encore que les prolos français soient rentables… Ce qui veut dire beaucoup moins payés.

C’est déjà le principe des « aides à l’embauche » ou des « aides à la préservation de l’emploi » : en général, il s’agit d’autoriser les patrons à ne pas payer « les charges », c’est à dire les salaires indirects. En somme, c’est donner aux patrons une partie de nos salaires pour qu’ils restent ! Et pourquoi pas des ONG « SOS Patrons » tant qu’on y est ?

 Car ne nous leurrons pas, pour être compétitifs dans la concurrence internationale, faut trinquer : sans même chercher hors d’Europe, le salaire minimum en Bulgarie, c’est moins de 200 euros. Et en Grèce, avec toutes les mesures qu’ils se sont pris dans la tronche, c’est 570 euros : y a de la marge !

C’est tout l’enjeu des accords-chantage à l’emploi qui fleurissent en Europe, de l’Espagne à l’Allemagne en passant par Dunlop en France : nous faire accepter la baisse des salaires, et avec le sourire en prime, c’est pour la Patrie!

Pourtant, et c’est là ou on voit que ces discours sont clairement de l’arnaque, même avec une baisse importante des salaires, les ouvriers, en France ou en Allemagne, ne sont pas prêt de se retrouver au niveau des Chinois.

Et c’est pas nous qui le disons, c’est Phillipe d’Arvisenet, chef économiste pour BNP Paribas:

« Le coût du travail en Chine est très inférieur à ce qu’il est dans les pays de l’OCDE. Si l’on prend comme référence des pays comme l’Allemagne, la France, les Etats-Unis d’un côté et la Chine de l’autre, on a un écart au niveau des salaires qui va de 1 à 20.

Pour dire les choses autrement, 10 euros de salaire horaire ici c’est ½ euro de salaire horaire en Chine. Cela n’épuise pas le sujet du coût du travail puisqu’il y a bien d’autres choses qui rentrent dans le coût d’un produit qu’on fabrique à partir du travail, notamment les gains de productivité.
Le niveau de productivité en Chine est très inférieur à ce qu’il est dans des pays comme la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne. Il y a un écart de 1 à 3, grosso modo, entre ces niveaux de productivité, ce qui vient relativiser énormément le coût du travail, et là on passe d’un écart de 1 à 20, selon la manière dont on voit les choses, à un écart qui est plutôt de 1 à 6 ou 1 à 7. »

En somme, même une fois calculé la productivité horaire, qui est trois fois plus importante en France ou en Allemagne à celle de la Chine (“écart de 1 à 3”), pour que les capitalistes puissent produire aussi peu cher ici qu’en Chine,  il faudrait encore couper les salaires en 8…

D’autant que là bas, les capitalistes sont déjà en train de penser que les ouvriers chinois coûtent trop cher, et veulent délocaliser…. On est pas sorti de l’auberge. Ainsi, en Chine, on parle depuis déjà plusieurs années de délocalisation dans l’intérieur du pays, ou vers l’étranger, ou les salaires sont encore plus bas.

En résumé, les patrons n’ont rien contre relocaliser la production : mais avec des salaires de galériens. Ils n’ont pas le choix, s’ils veulent maintenir leurs profit ! Ce n’est donc en rien une « solution » pour nous. Juste un mytho de plus pour justifier les attaques contre les prolos.

 Mais on entend déjà les partisans du protectionnisme avec leurs solutions miracle : si les gens du coin n’achetaient que les produits du coin, y aurait plus de problème de compétition avec les Chinois, non ? Et paf, plus de problèmes de pressions sur les salaires ? C’est ce qu’on va voir.

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Arnaque N°2 : « Il faut acheter Français »

Entendre : « Il faut accepter de payer plus cher des produits car ils sont Français. Comment ça vous n’avez pas les moyens ? »

 Voilà une autre proposition, qui rappelle un peu la première, mais en prenant les choses par un autre bout, celui de la consommation : nous faire acheter par « patriotisme » des produits plus chers mais nationaux (ou régionaux, ou par villes, voire par quartiers…)

On a vu ce mot d’ordre aux dernières Présidentielles dans la bouche de la plupart des candidats. C’est sans doute l’affirmation la plus « insensée », comme dirait Sexion d’Assaut.

D’abord parce que les produits « made in France » ne le sont presque jamais d’un bout à l’autre tant les circuits de production sont imbriqués : une partie est faite ici, une autre là, le tout assemblé encore ailleurs. Car si les produits nécessitant du travail très complexe (forte qualification) sont encore fabriqués en France, tout le reste est en général déjà délocalisé ou c’est moins cher.

Prenons l’exemple d’un produit phare de l’industrie capitaliste, la voiture. Une voiture est aujourd’hui divisée en plus de 5000 pièces qui peuvent être produites chacune séparément. Bien sûr, cette séparation suis des règles bien précise.

Ainsi, pour BMW, comme l’indique l’image ci dessous (cliquer dessus pour l’agrandir) on voit qu’il y a une division internationale du travail bien précise:

– Les sites de productions… ( soit la production des composants mécaniques et informatiques et les dernières étapes du montage, dernières étapes en général faites a la demande, pour éviter les stock) . Sont essentiellement en Allemagne, en Europe et aux USA.

– Les sites de montages ( les premières étapes de la production de la bagnole, ce qui nécessite moins de travail qualifié) sont tous délocalisés.

production de BMW

 Ce n’est pas par volonté de compliquer les choses, pour les patrons : cela tient là aussi de la nécessité pour eux de maximiser leurs profits. Voir a ce sujet notre article sur la restructuration.

Ensuite, car si la France ne se mettait à produire que des marchandises 100 % made in france, nous n’ aurions pas les moyens de les acheter !

 Les artisans « d’chez nous », l’ont bien compris, eux qui vendent à des bourgeois sur internet partout dans le monde leurs produits « typiques » pressés avec les pieds, sans additifs.

Ah ben oui, le capital chinois c’est de l’argent sale, mais bon s’il vient acheter nos produits gentiment, ça change tout…

C’est que c’est bien beau, de vouloir nous faire acheter local, mais c’est pas avec un SMIC (sans parler d’un RSA) qu’on va y arriver ! Demandez vous une seconde si vous pourriez arrêter d’aller acheter vos meubles chez IKEA, qui les produits dans la périphérie, pour vous rendre chez des artisans locaux… Franchement vous manquez de civisme ! ( Et ne nous faites pas le coup de parler d’Emmaüs : vous croyez qu’il se passe quoi, si tout le monde vit de la récup ? Ben y en a pas assez pour tout le monde.)

Le cas le plus impressionnant, c’est celui des USA. Là bas le discours anti-Chine est particulièrement présent chez les « politiques ».

Faut dire qu’ils ont l’habitude, il y a trente ans, c’était contre le Japon, ses motos, ses voitures moins chères et qui consommaient moins : on appelait ça le « Japan-bashing ».

china_makes_crap
traduction: La Chine fabrique de la merde .
Achetez Américain.

C’est que c’est pratique de dire aux prolos que la faute vient d’ailleurs ! Le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté aux USA est le pire de tous les pays du centre. Alors imaginez s’ils se mettaient à acheter des produits « made in USA » de A à Z, ce qu’il leur resterait… En fait, arrêtez d’imaginer, c’est mort : juste, les prolos américains ne peuvent pas faire autrement : ils sont trop peu payés pour ça. Pour rappel, on a déjà traité ce sujet y a un petit moment, Chine je te tiens…

En somme, si les prolos aux USA ou ici, arrivent à joindre les deux bouts, c’est parce qu’une grande partie de ce qu’on achète n’est pas cher… Car produit à bas coût. C’est même la délocalisation dans ces pays qui a « permis » de rendre tenable la baisse des salaires ici.

C’est tout le problème que ne comprennent pas, ou font mine de ne pas comprendre les protectionnistes : il n’y a pas deux situations séparées, ici le chômage, là bas les bas salaires : il y a un seul monde, capitaliste, ou ces deux situations font système.

Et aujourd’hui, ce système est en crise. Ici, car la dette public et privée explose. Là bas, car si l’Europe par exemple ne consomme plus, eh bien les prolos chinois risquent à leur tour de se retrouver au chômage. ( Et qu’ils sont trop peu payés pour acheter leurs propres produits… Ce qui ce n’est pas prêt de changer, comme on vous en parlera un de ces quatre.)

 Ainsi, la première chose qu’il faut dire aux nationalistes aujourd’hui, c’est : le monde dont vous parlez n’existe plus, ce qui est estampillé français ne l’est pas plus, hormis quelques babioles artisanales, ou dieu sait quoi…

Non content de vouloir nous payer moins cher, vous voulez nous culpabiliser de pas avoir de pognon, non mais franchement…

 Le protectionnisme aujourd’hui, c’est le discours de la guerre contre les prolos.

Il est temps de sortir un peu du discours « la France va mal ». Ce n’est pas la France qui va mal. C’est les prolos qui y vivent. Le nationalisme revient en avant aujourd’hui, et comme toujours avant une bonne guerre, on nous en parle en termes de sacrifices qu’il va falloir faire pour cette nation.

 La guerre qui nous attend n’est pas contre le Teuton ou l’Angliche. Elle est lancée par le patronat contre nous, parce qu’on est sa principale marge de profit, la seule sur laquelle il peut jouer : les salaires. Pourquoi se sacrifier pour la grandeur de la France et de ses patrons ? Elle et Ils ne vont pas vous rendre un sou de votre dévotion. La France c’est comme 250 autres pays dans le monde un état, des flics, des juges, dont la première fonction est de maintenir l’ordre bourgeois, coûte que coûte. C’est une matraque au service de l’exploitation de la moitié de l’Afrique. Et on devrait lui redonner sa grandeur ? Que la France meure, on portera pas le deuil.

Et les deux positions, la relocalisation, le produire français & le discours sur “acheter français”, sont les deux faces d’une même pièce : notre écrasement. Comme souvent dans l’histoire, c’est au nom de la nation qu’on va moins payer les prolos, les faire bosser plus, etc. Tout le discours nationaliste vise a nous inciter a ne pas lutter contre les restructurations en cours, ou encore à accuser les prolos étrangers… Voilà pourquoi il est nuisible.

Bon, c’est bien beau, mais sinon, quoi de positif dans tout ça ?
De positif difficile à dire. Parce que ce qu’on vous dit là, c’est quand même que le patronat va avoir bien du mal à relancer d’une quelconque manière l’activité en Europe sans couper en huit les salaires. Il ne faut pas chercher de plan B dans le cadre du capitalisme, il n’y en a pas.

Le capitalisme ne se réforme pas, on ne pourra pas le renationaliser, le protéger, le materner, c’est inutile. Quelques pays dans le monde qui sont gavés de matières premières (Iran, Venezuela) et quelques périphéries de troisième rang comme Cuba, ont encore des situations particulières (c’est pas non plus la fête!), mais eux-mêmes vont avoir de sales lendemains qui déchantent.

 Mais cet immense nivellement vers le bas n’est pas encore réalisé. Et pour qu’il fonctionne, il va falloir nous passer sur le corps. A tantquil, on pense que ça ne se passera pas si facilement que ça.

 Le Capital VS l’immense collection des prolos du monde, de toutes les couleurs, nationalités, etc. C’est BetClic (un site de pari en ligne) qui risque d’être surpris…

Bientôt la suite : la nationalisation des industries, une solution ?

25 comments

  1. “Elle est lancée par le patronat contre nous, parce qu’on est sa principale marge de profit, la seule sur laquelle il peut jouer : les salaires.”

    Un principe que l’Histoire, clairement depuis 1867, depuis que l’Histoire a été reconnue par Marx comme celle du capital, n’a jamais démenti. Oh! il y a bien eu des temps d’éclipses (les 30 glorieuses dont vous parlez justement, par exemple), mais il y en eu d’autres sans fard aussi, comme le nôtre; ils sont propices à la prise de conscience des peuples, premier levain d’une révolution authentique. Votre démystification, très juste et vivifiante, devrait y contribuer qui montre clairement que l’on ne négocie pas avec le capitalisme, mais qu’on l’abat ou qu’on y succombe. Pour nous, si nous ne réagissons pas massivement et de façon créatrice, c’est sous le joug de l’extrême droite que la farce va mal tourner (car bien entendu l’idéologie du produire français n’arrive pas aujourd’hui par hasard, même si son retour a sa nécessité profonde dans les limitations de notre commencement grec…).

  2. Acheter et produire français, pas forcément, mais je pense sincèrement qu’il faut se mettre à acheter local et à produire local. Certes, faut pas que ça engendre non plus des baisses de salaire, mais il faut le faire. Les délocalisations ont pourri la masse ouvrière mondiale, en exploitant les habitants des pays pauvres et en les faisant bosser dans des locaux insalubres (usine de Dacca au Bengladesh par ex.), mais également en supprimant le taf de nombreux ouvriers français, qui soit se sont retrouvé à la rue, soit ont du se reconvertir dans des PME. Rien de mieux pour casser le syndicalisme.

    Le protectionnisme ne relève pas forcément d’élans nationalistes, je suis antifa et porté sur le acheter/produire local. Ça permettrai d’une, de redonner du taf aux travailleurs français, de deux, de reconstruire un véritable syndicalisme au sein des entreprises, de trois, de redonner du sens à l’engouement pour l’écologie qu’ont les gens (bah oui, parce que l’écologie c’est bien, mais c’est pas avec l’achat de bois tropical massif que font les pays développés que le développement durable va avoir un sens, idem pour l’huile de palme).

    De plus, si un retour des entreprises en France et la mise en place d’un protectionnisme se met en place, il serait illogique et non-bénéfique pour les entreprises de baisser les salaires, étant donné que les gens touchant le SMIC ou un peu plus (mais pas 3000€/mois non plus) sont ceux qui consomment le plus par rapport à leur revenu disponible. Donc baisser les salaires des ouvriers ferait baisser la demande, donc perte de profit.

    Il est vrai que le protectionnisme montant peut être porté par un nationalisme, lui aussi en ascension, mais le protectionnisme ne se résume pas à une pensée nationaliste. Il faut arrêter de mettre tout le monde dans le même panier. Être protectionniste ou vouloir consommer/produire local ne veut pas non plus dire forcément cracher sur les travailleurs étrangers. Eux aussi sont dans la galère, et donc forcément acceptent de bosser pour des clopinettes dans des usines vétustes, entourés de produits malsains pour à la fin de la journée se retrouver dans une maison faite de taule et autres déchets ménagers. Je me bats pour une industrie française relocalisée en France, c’est pas ce qui m’empêche de soutenir les causes des travailleurs et peuples étrangers (soutien à Raoni et aux indigènes se battant contre le barrage du Belo Monte, soutien à l’Afrique qui se fait aujourd’hui piller par la Triade et la Chine, soutien aux roms….).

    Agir local, penser global.

    1. L’objet de cet article n’est pas de juste de dénoncer le nationalisme inhérent aux discours protectionnistes.

      Il s’agit surtout de parler de la réalité du protectionnisme, en dehors des intentions d’une partie de ses défenseurs.
      Ainsi, une partie de l’extrème-gauche défend le protectionnisme car les taxes douanières constitueraient une sorte de rempart contre la baisse des salaires.
      Le souci, c’est que le protectionnisme ne produit pas ces effets là.
      En fait, il suffit de relire ton commentaire: tu écris a un moment:
      ” De plus, si un retour des entreprises en France et la mise en place d’un protectionnisme se met en place, il serait illogique et non-bénéfique pour les entreprises de baisser les salaires, (…) Donc baisser les salaires des ouvriers ferait baisser la demande, donc perte de profit. ”

      Ça ne marche pas, et pour plusieurs raisons:
      Premièrement, augmenter les taxes sur les produits chinois ne va pas rendre les produits français plus compétitifs pour autant (et donc faire revenir des entreprises): cela va juste les rendre plus chers! Car pour les rendre vraiment compétitifs, il faudrait les taxer énormément.

      Ensuite, car l’enjeu, pour les capitalistes, c’est de vendre leurs produits, non pas simplement aux prolos français, mais au monde entier. Et pour cela, il faut être compétitifs vis a vis du reste du monde. Donc, les réclamations des salariés ici, ne sont pas légitime d’un point de vue capitaliste.

      Un mot sur la perspective d’appliquer un programme protectionniste de façon cohérente : fermer les frontières
      pour de vrai. Là, nous tombons dans autre chose, que nous n’avons pas évoqué dans l’article, la question de l’autarcie. Ce n’est en dernier recours qu’une forme encore plus poussée d’économie de guerre, et dans un système basé sur la nécessité pour les capitalistes d’étendre toujours plus leurs marchés, cela ne peut déboucher que sur la guerre.
      Mais cette hypothèse parait aujourd’hui très peu probable, quand on voit l’interconnexion de la production, des échanges, etc, qu’on évoque d’ailleurs dans l’article avec l’exemple des voitures.

      Reste donc la réalité du protectionnisme, non pas les discours ou les intentions, mais les faits:

      – Augmenter les taxes, en particulier la TVA, alors même que, comme tu l’a dit, les prolos sont contraints de consommer.
      – Et le chantage aux baisses de salaires, en échange de la relocalisation, ou du maintien de l’emploi. Et ça, il suffit de lire les déclarations de Montebourg pour en avoir des illustrations a chaque plan social.

      Comme par exemple ici, ou Montebourg “met en garde la CGT de PSA sur les risques de la radicalisation”.
      http://www.lepoint.fr/auto-addict/actualites/psa-bras-de-fer-entre-montebourg-et-la-cgt-20-03-2013-1643314_683.php

  3. Hmm, ouais, d’accord, vos arguments se tiennent.
    Mais est-ce que vous prenez en compte la variable environnementale ? Je n’en ai pas l’impression. Perso, je préfère payer un tout petit peu plus cher la bouffe en étant sûr qu’elle vient du paysan du coin plutôt que d’une usine agro-alimentaire qui fait faire 12000 km aux différents produits qui entrent dans la composition de sa production.
    Par ailleurs, pour le commentateur précédent, la TVA est une taxe sur l’ensemble des produits, et ses taux ne peuvent pas être différenciés selon la provenance desdits produits tant qu’on restera dans l’UE, donc non, le protectionnisme ne jouera en aucun cas sur des taux de TVA. Des augmentations de taxe, sûrement, mais pas de TVA.

  4. Bonjour Thomas
    Tout d’abord je pense que tu nous as lu un peu en diagonale. Si c est le cas c’est de notre faute, on a fait un truc passablement long.
    Ce qu on a voulu dire, et c’est le message général, c est : ne vous croyez pas responsables des délocalisations, de la crise en France, des problèmes des petits patrons, de tout ce qu on vous dit à longueur de journaux ! C est des conneries. Aucun acte citoyen n’a la dent dure face au capitalisme mondialisé.

    Et il en va de même pour cette histoire d écologie.
    Trie si tu veux, mais ne laissons pas les États nous faire porter le chapeau, par exemple du réchauffement climatique quand notre consommation d’eau représente moins de 5% de la conso générale.
    C est là la grande propagande des patrons : vous pouvez changer le monde en agissant local. Ben oui, en bloquant l’économie, en agissant de concert. Mais sûrement pas en consommant responsable, ça n existe pas. C est de la poudre de pinrlimpinpin.
    En tant que communistes antigestionnaires, notre message est simple : Il n y a pas de capitalisme moral, réformable. L’exploitation existe autant dans le made in France qu’ailleurs. Après, que tu veuilles consommer français, grand bien te fasse. Moi aussi j aime bien acheter les fromages de mes potes. Mais ça s’arrête là : il n’y a pas de salut dans ce système pour nous, qui ne soit sa destruction.”

    1. L’action locale et le changement de nos modes de vie, pour nécessaires et sympathiques qu’ils soient, se heurtent à deux limites: 1/ nous sommes pris dans la mondialisation capitaliste et 2/ l’économie n’est pas commandée par la circulation mais par la production. La révolution ne peut avoir lieu dans un seul pays et doit s’opérer avant tout dans les rapports de production. C’est pour ne pas avoir compris ces deux principes de Marx que le communisme “réel” a échoué. La nationalisation des moyens de production n’est pas en soi une solution. Si j’évoquais plus haut les Grecs (anciens), c’est qu’ils ne sont pas parvenus à dissocier le petit commerce, local (kapelia) du commerce “extérieur” (emporia)… comme si l’un ne pouvait qu’entraîner l’autre dès lors que le moyen (l’argent) du moyen (l’échange) de la satisfaction des besoins collectifs fut devenu la fin absolue dans la quête illimitée du profit (tokos, le petit). Et encore les Grecs ne connaissaient-ils pas la production marchande (la production en vue du marché) qui devait changer le cours du monde à l’aube des Temps modernes comme Marx l’a montré.

  5. Alors, juste quelques mots en plus.
    Déjà, pour la TVA, je faisais référence a la TVA “sociale” dite “anti-délocalisation” car dans ce projet il s’agissait de coupler l’augmentation de la taxe avec la baisse des cotises patronales. On en avait d’ailleurs parlé sur Tantquil: http://www.tantquil.net/2012/01/12/tva-sociale-les-prix-montent-les-salaires-baissent/#more-1079
    Mais vu que je précisais pas la référence, c’était difficile a comprendre!
    Pour la question de l’environnement, nous aussi on préfère manger des bonnes choses, comme le dit Rick, mais la question n’est pas là… D’ailleurs, ce n’est pas vraiment possible, vu la quantité consommée.
    Ainsi, les gens qui en été, veulent acheter de la charcuterie corse lorsqu’il se rendent sur l’Ile, préféreraient tous que ce soit avec du porc local, élevé de manière respectueuse de l’environnement, etc… Mais ce n’est pas la peine d’y penser, déjà ce serait vachement plus cher, et puis la corse s’effondrerait sous les nitrates produit par les millions de porcs nécessaires! Et la plus-part de la charcuterie est faite avec du porc de Bretagne, si si c’est passé sur Capital sur M6!
    Ce n’est qu’un exemple. La question de la distribution telle qu’elle est faite aujourd’hui, correspond a la réalité du capitalisme, aux rythmes de travail, a la concentration en villes énormes…
    On ne changera pas ça en achetant des choses, mais en remettant en cause l’ensemble de ce mode de production.

  6. Bonsoir,

    @Rataxes: Le protectionnisme, ce n’est pas qu’une histoire de taxe. C’est soit des taxes, soit des interdictions d’utilisation de produits, qui permettent de produire pour pas cher et de vendre à tout va. C’est un exemple qu’il ne faut pas prendre au premier degré (puisqu’impossible à réaliser aujourd’hui même), mais si demain on interdit tous les produits fabriqués à base d’huile de palme, ou toute viande provenant des fermes gigantesques étasuniennes, on va pouvoir avoir des produits sains et locaux moins chers, puisque forcément, il y’aura moins de concurrence. Moins de concurrence, ça veut dire plus de demande pour les producteurs locaux, et donc petite production favorisée, plus obligée de faire payer son steak le double d’un steak Leader Price, pour en plus avoir une meilleure qualité de viande !

    “Premièrement, augmenter les taxes sur les produits chinois ne va pas rendre les produits français plus compétitifs pour autant (et donc faire revenir des entreprises): cela va juste les rendre plus chers! Car pour les rendre vraiment compétitifs, il faudrait les taxer énormément.

    Ensuite, car l’enjeu, pour les capitalistes, c’est de vendre leurs produits, non pas simplement aux prolos français, mais au monde entier. Et pour cela, il faut être compétitifs vis a vis du reste du monde. Donc, les réclamations des salariés ici, ne sont pas légitime d’un point de vue capitaliste. ”

    Vous avez oublié dans votre raisonnement le fait de relocaliser les entreprises. Les entreprises françaises relocalisées et des barrières anti-tarifaires mises en place, le seuls problème pour les français serait d’avoir moins de diversité dans l’offre de produit que si l’on acceptait toutes les productions étrangères.

    Perso, je suis pour une économie plus renfermée au niveau national. On s’est trop ouvert à ce niveau-là, et aujourd’hui, en plus de galérer à cause de ça, on exploite les pays moins développés, et on en fait des pays-poubelles en leur demandant de produire toujours plus,, pour toujours moins cher, toujours plus rapidement et donc avec des produits de moins en moins de bonne qualité. Aujourd’hui, même les produits étiquetés commerce équitable, contenant de l’huile de palme mais provenant de champs raisonnés, ne valent plus rien ! Le seul moyen, c’est de se consommer et produire local aujourd’hui.
    Par contre, il ne faut pas vivre en autarcie ! Je suis pour une économie plus renfermée sur le pays, ou même marchant par collectivités, mais les échanges de technologies, d’idées, de goûts, d’expériences et autres sont les éléments ayant fait progressé l’espèce humaine. Il faut toujours être ouvert sur les autres, mais au niveau économique, il faut voir ça différemment.

    Vous dites également dans votre dernier commentaire, que vous avez vu un reportage sur M6, Capital, qui parlait de la charcuterie. Alors déjà, rien que le fait d’évoquer ce reportage, ça discrédite toute votre argumentation. Ce sont les mêmes reportages qui font passer les fumeurs de cannabis et producteurs pour de dangereux toxicomanes ayant mal fini, ce sont les mêmes qui fondent l’électorat lepeniste en montrant des images d’interventions policières musclées, toujours pour mieux effrayer la ménagère et qu’elle vote pour plus de sécurité. De plus, quand vous voulez, je vous emmène voir des petits producteurs, même de foie gras (pourtant vachement critiqué, et quand on voit les usines Delpeyrat ça se comprend), faire leur petit élevage bien tranquillement, loin de la production intensive de viande que demande à ses bêtes Charal et autres, s’occupant de leurs bêtes de leur naissance à leur mort, et tout ça sans polluer un max. Faut juste apprendre à chercher les bons produits et les bons producteurs.

    Ensuite, vous dites qu’il faut remettre en cause l’ensemble du mode de production. Mais la relocalisation et la consommation/production locale, c’est pas déjà un changement complet du mode de production ?

    1. Eh bien on y arrive! Alors finalement, il s’agit bien de ça: le protectionnisme intégral. Et exit les prolétaires, place aux “français” dans le texte.
      Ce que nous disons dans ce texte, et dans les autres commentaires, c’est que ce genre de politiques ne peut pas bien se passer: c’est simplement le contenu d’une attaque énorme contre les prolos.
      Car fermer les frontières, “remettre la France au travail” c’est tout l’enjeu de de discours là. Nous en parlons d’ailleurs plus précisément dans cet article:
      http://www.tantquil.net/2013/03/05/faire-intervenir-letat-pour-industrialiser-cest-de-droite-ou-de-gauche/
      Pour le citer justement, “les programmes de réindustrialisation ont été engagés selon les nécessité du capitalisme: pour le sortir de la merde en situation de crise. Et dans tout les cas, mise au travail signifie mise au pas. Bizarrement ces discours réapparaissent avec la crise actuelle…”
      Pour le dire autrement, ces programmes protectionniste pourraient être l’une des formes d’une éventuelle tentative de “sortie de crise”. Et cela signifie, comme on s’évertue a l’écrire dans le texte et les commentaires, la guerre.
      Guerre contre les prolos, pour baisser les salaires sous toute leurs formes ( directs, indirects hausse des prix) ce qui serait une conséquence de cette politique mais aussi,en perspective, guerre entre états, le renfermement autarcique n’étant pas compatible sur le long terme avec le système capitaliste, car les capitaux cherchent en permanence de nouveaux débouchés.
      Expliquons un peu:
      Imaginons que la France, ou l’Europe, même, sorte de l’OMC, introduise des barrières douanière de ouf, etc. Cela signifie aussi la fin des échanges internationaux tels qu’ils existent, et un krash bancaire inévitable. D’ailleurs, s’il faut le rappeler, une grande partie des réserves de la Banque Centrale Européenne sont libellés… En dollars. Krash bancaire, cela signifie concrètement crise monétaire, comme on a vu a Chypre en beaucoup plus véner, ou les gens qui ont encore des économies les perdent d’un coup, et ou en réalité seuls les gros poissons s’en sortent.
      Ensuite, les barrières douanières marchent dans les deux sens: le reste du monde ne va pas laisser ouverte ses frontière, alors que “nous” les fermons. Or l’Europe n’est pas indépendante, ni en pétrole, ni en un bon paquet de produit. Et pour rappel, si on reste sur le pétrole, n’oublions pas qu’il est aujourd’hui libellé en dollars. Une des dernière fois ou ça a failli changer, c’est lorsque saddam voulait vendre le sien en euro… Les ricains ont réagis rapidos.
      C’est d’ailleurs tout l’enjeu de l’alliance rouge-brunes autour de ces questions: la perspective nationaliste, c’est la guerre, et le choix des alliances. une partie des fascistes, comme une partie des coco staliniens, milite pour un rapprochement avec la russie, l’iran, le venezuela, contre les américains, justement en particulier sur l’enjeu pétrolier.

      Bref, nous n’avons rien a gagner la dedans. Les prolos américains, comme russe, ou autres, ne sont pas nos ennemis. Il n’y a pas de solutions capitaliste a la crise qui ne soit au détriment, et salement, des galériens.
      Reste la lutte, et la perspective de la révolution.
      Un dernier mot: pour capital, c’était une blague, gros malin. Sur ce site on aime bien ça, ça détend quand on parle d’économie.

    2. Ah Thomas. Vivre autrement…Dans le capitalisme? Un alter-capitalisme?
      Ton argumentation économique repose sur l’idée qu’abaisser l’intensité de la “concurrence”par l’érection de barrières douanières permettrait de “protéger” la production nationale ou locale et, ce faisant, les salaires nationaux ainsi que le patrimoine naturelle. Le protectionnisme versus la concurrence du moins-disant social et écologique.

      Sauf que…ce que les entreprises nationales auront gagné en débouchés supplémentaires grâce à une moindre concurrence dans le cadre d’un marché protégé, elles le perdront sous la forme de débouchés moindres sur les marchés extérieurs, puisque les pays “étrangers” rétorqueront symétriquement par l’instauration de taxes sur les produits en provenance du pays protectionniste en question.

      Bref, on obtient certes un marché “protégé” mais rétréci, et en cela un autre motif tout aussi impérieux de faire pression sur les salaires et de négliger les normes environnementales.

      Ceux qui militent pour le protectionnisme perçoivent à juste titre l’instrumentalisation des bas salaires et de la dilettante écologique dans le cadre de la mondialisation en vue d’augmenter les profits. Ce qu’ils perçoivent moins, c’est que cette instrumentalisation et donc la mondialisation constituent une question de survie pour le capitalisme soumis à l’obligation de croitre ou d’élargir son théâtre d’opérations en permanence, ce sous peine d’effondrement. C’est cette obligation de croître inhérente au capitalisme, et confrontée à des obstacles toujours plus grands à mesure que ce capitalisme se développe, qui constitue la véritable contrainte dont il faudrait se “protéger”. Le problème, c’est que des barrières et des frontières ne nous serons d’aucun secours.

      La question de savoir d’où vient cette obligation est posée et commentée dans notre site.

      wil

  7. Dommage que vous ne mettiez pas en avant des solutions qui pourraient exister.
    Vous dites que dans le capitalisme il n’y a point de salut et je partage l’analyse et les arguments.
    Mais peut être qu’il faudrait penser à changer petit à petit nos modes de vie.
    Ce n’est sûrement pas évident pour tout le monde mais redévelopper l’artisanat local, l’agriculture vivrière, les transports en communs abordables, laisser tomber un peu l’industrie lourde, et surtout “l’obsolescence programmée” dans la production d’objets,
    enfin j’imagine qu’il y a quand même des solutions qu’il faut mettre en avant.

    1. On répond a cette critique dans notre texte de présentation. En voici un extrait.
      nous ne voulons en aucun cas fournir de plans de gestion de crise, d’urgence, ou tenter de gérer le capital. Le bateau coule, et nous n’entendons ni colmater les brèches, ni gratter une place dans les canots de sauvetage réservés aux classes dominantes : nous comptons toucher terre (…) Toutefois, nous sommes loin de préconiser l’immobilisme, nous tentons d’établir une stratégie conduisant au communisme, c’est à dire à l’abolition de la propriété privée, du salariat, de l’État et de la valeur. Abolir le salaire, c’est supprimer la laisse qui nous tient aux capitalistes. C’est sur les cendres du capitalisme que nous construirons une société dans laquelle nous déciderons de produire selon nos besoins définis collectivement..”
      Ici la version complète.
      http://www.tantquil.net/qui-sommes-nous-2/

    2. “enfin j’imagine qu’il y a quand même des solutions qu’il faut mettre en avant.”
      La solution de continuité.
      En effet, s’agissant du capital, rapport social de genre et de classe, système par cela même totalisant, la solution ne peut que résider dans un dépassement de toutes les déterminations qui lui sont spécifiques.
      Le petit commerce ou la micro entreprise, la petite exploitation,etc.,ne sont pas un dépassement du gros commerce de la macro entreprise et de la grosse exploitation,etc. J’y vois des tentatives à la fois désespérées et désespérantes de continuer a être ce que l’on est, appartenant à une classe/genre, donc à une nation, se revendiquant en tant que tel, citoyen, français, ou même prolo.
      Ce n’est pas par hasard que dans les recettes économiques pour sortir de la crise actuelle confluent les idéologies nationalistes et socialistes keynésiennes, le protectionnisme et la protection de la force de travail nationale, le peuple.
      Il n’y a aucune solution économique lorsque l’économie est le problème, c’est dans l’exploitation qu’est produite la crise.

  8. D’abord, peut être que je suis un peu dans l’illusion mais j’imagine pour ma part qu’à l’intérieur des frontières de ce pays à l’économie capitaliste, des actions peuvent se développer, des solidarités se mettrent en place, des organisations collectives et des circuits courts de distribution se créer, avec le moins d’argent possible.
    Si des actions de se genre n’ont pas une portée très grande, elles ont au moins le mérite d’exister et de montrer d’autres manières de fonctionner.
    Personnellement ensuite, je ne fais pas partie des classes dominantes comme j’ai cru le voir sous-entendu. Je viens d’une famille d’immigrés communistes du côté de ma mère, italiens ayant fui la misère, espagnols ayant fui la guerre civile, et d’une famille de prolos du côté de mon père. Aujourd’hui tout ce qu’il me reste c’est l’éducation que j’ai pu recevoir grâce à des conditions favorables créées par l’état-providence né du CNR (en tout cas c’est ce que j’imagine), et des valeurs transmises par ma famille.
    Je n’ai pas de travail ni de ressources particulières, à part ma mère qui cuisine pour moi quand j’ai faim et je suis conscient que c’est déjà pas mal.
    Je suis d’accord avec vous sur le problème de fond, qui est l’économie capitaliste, qui nous perdra tous, et pas seulement les prolos qui se font exploiter.
    Mais, excusez-moi de ne pas être aussi radical, j’aspire quand même à ne pas toucher le fond, à pouvoir continuer à agir, à fabriquer des choses, à rencontrer des gens, à transmettre des savoirs, des idées, des émotions…
    L’honnêteté est une des choses les plus importantes, et je pense que vous êtes honnêtes, le plus difficile est de la faire exister dans le monde.
    Salut camarades.

  9. Un peu long ce texte quand même.
    A Mitsos. Tout ce qui vise à faire reculer l’exploitation ou de façon générale à détendre les contraintes qui s’exercent sur nous est bienvenue. Ce qu’on dit avec d’autres – et tu en fais peut-être partie – est que le système capitaliste de par son fonctionnement voue les expériences alternatives et les mesures plus institutionnelles à ne connaitre qu’une existence éphémère.

    Les mesures générales (institutionnelles) type CNR destinées à améliorer le sort de la population (et d’abord à soutenir les conditions politiques et techniques de l’accumulation) sont loin derrières nous et ne reviendront plus, sauf à en passer par un cataclysme du genre de celui qui a présidé à la phase de croissance des trente glorieuses.

    Quant aux alternatives locales, elles restent dépendantes des ressources contrôlées ou contrôlables par l’économie de la marchandise. Ça n’enlève rien à la valeur de certaines d’entre elles.

  10. Un peu long ce texte quand même @ wil

    Allons, allons, et que dire de “Das Kapital” ?
    Il n’y a pas de “reader digest”, vite fait pour Tout comprendre.

  11. Salut,

    quand je lis En somme, si les prolos aux USA ou ici, arrivent à joindre les deux bouts, c’est parce qu’une grande partie de ce qu’on achète n’est pas cher… Car produit à bas coût. je pense que ce n’est pas tout à fait honnête.

    Une très grande partie des français, ouvriers comme exploiteurs, veulent acheter des Nikes. Et c’est pas parcequ’elles sont moins cher, ça se saurait, non? Ils veulent acheter des Nikes parcequ’ils veulent avoir la « classe étasunienne », et ils s’en tamponnent de savoir que des mômes sont exploités pour les fabriquer à l’autre bout du monde. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

    Alors oui, l’exploitation des peuples miséreux permet aux pauvres de France de s’habiller à bas coût, mais elle permet également un confort et une futilité absolument pas nécessaires, voire carrément inacceptables. Il faut donc bien admettre que dans la lutte des classes à l’échelle internationale, nous, pauvres de France sommes une classe dominante par rapport aux miséreux étrangers qui fabriquent notre confort, et que ce n’est pas qu’une nécessité de notre part, mais également une collaboration de classe avec les patrons européens. Dans toute guerre, la collaboration commence par nécessité, puis perdure par confort.

    Les patrons exploitent les petits bourgeois qui exploitent les pauvres qui exploitent les miséreux, etc, rien de nouveau.

  12. “Les patrons exploitent les petits bourgeois qui exploitent les pauvres qui exploitent les miséreux, etc, rien de nouveau.”
    humm, no fooling.

    Les patrons exploitent la petite bourgeoisie ? Les ouvriers fransais exploitent les miséreux ?
    Non, je ne vois pas cela de cet oeil, mais des deux :
    Les ouvriers, disons des pays riches, n’exploitent pas les ouvrières, par exemple, du textile au Bangladesh, parce que exploiter c’est extraire de la plus-value, faire du bénef. Par contre, cela, cette exploitation ne dérange pas outre mesure nos prolos moyens, c’est visible.
    Je me méfie de cette systématique qui finit par ôter le sens des concepts, noyer le poisson : Tout le monde exploite tout le monde, finalement, et pourquoi pas, domine tout le monde.
    Nous “pauvres de Franse”, nous ne sommes pas “une classe dominante par rapport aux miséreux étrangers”, des clients/es, oui.
    C’est une nécessité, en même temps “une collaboration”, je préfère :
    une implication réciproque.
    Le pire ennemi des prolétaires sont les prolétaires eux-mêmes.
    Salut à tous et à toutes.

  13. Toutes les “marchandises” sont produites moyennant exploitation. Elle est plus ou moins forte, et elles sont en conséquence plus ou moins chères. Acheter “éthique” aussi participe d’une stratégie de distinction. Mais au-delà de l’argument moral, la question de la viabilité de ce modèle dans le capitalisme est posé. Augmenter les coûts salariaux sans augmenter les prix (sinon on ne fait que déplacer le problème), c’est alors rogner les “profits”. Mais jusqu’où? Soit un cas limite: une entreprise autogérée par exemple où le produit de la vente serait intégralement et égalitairement redistribué (moins les coûts de production non salariaux) ne serait-elle pas amené à l’auto-exploitation si la “concurrence”(des coûts même non salariaux ou de l’innovation) l’exigeait?
    Bien sûr que oui! Le capitalisme n’est pas un simple système d’extorsion de richesses au sens où l’on été tous les systèmes de domination avant lui. Il ne suffit pas que les seigneurs soient plus cléments ou forcés à l’être. C’est le système et ses principes qui doivent être abolis.
    Wil

  14. J’ai voulu répondre à Nico, mais mon truc n’est pas clair. Sans détour, je dirais donc que la consommation éthique des “riches” ne fera pas l’affaire des pauvres. Les deux classes d’individus se présupposent l’une l’autre dans le système-monde capitaliste. La production se fait chez les plus pauvres, parce que évidemment sous certaines conditions ils sont les “moins chers”. Si les consommateurs ne veulent pas de la production de pauvres, la situation des pauvres ne s’en trouvera pas améliorée, puisque ce sera la fin des investissements motivés par la faible rémunération de leur travail. Et comme je le disais dans le commentaire précédent, le financement des hausses de salaire par la réduction de la marge de profit contraint par une nouvelle éthique de consommation et la résistance des producteurs, est confronté aussi à des limites.
    Certes nous vivons dans une société où les humains-consommateurs se montrent aveugles et indifférents aux conditions de production des marchandises qu’ils achètent. Mais au fond les humains-consommateurs se préoccupent-ils vraiment d’eux-mêmes, prennent-ils réellement soin d’eux, ne se montrent-ils pas aussi singulièrement accommodants avec le mépris dont ils font l’objet? En fait, le travailleur aveugle ne saurait être un consommateur éclairé. Ce n’est pas un hasard absolu si la “consom’action” concerne assez souvent les cadres militants de la société capitaliste. Tout ça pour dire que les révolutions morale et sociale sont une seule et même chose.

  15. J’avais laissé un commentaire il y a une semaine, dommage qu’il ait été retiré. Du coup je vais faire très court.

    Vous pouvez tourner le truc dans tous les sens que vous voulez, mais financer l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est un acte grave qu’il faut assumer :

    – parcequ’on a pas le choix
    – parcequ’on y gagne matériellement
    – parcequ’on s’en fout

    L’important est de savoir dans quel cas on se situe.

    Ou alors on peut essayer de broder des justifications alambiquées pour ne pas assumer cet état de fait.

  16. On se fiche des autres au loin, mais déjà de ceux qui souffrent tout près. L’indifférence aux autres est bien autre chose qu’une faute morale, dans une société où les hommes ne font véritablement rien ensemble, parce que leurs activités et leur cohérence globale est l’affaire des managers et des propriétaires des instruments nécessaires à ces activités. Il nous reste à essayer d’identifier les failles de ce système social particulier.

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