Depuis l’année dernière et notre précédent panorama de l’austérité, les plans se sont succédé en Europe. La crise n’est pas prête de se terminer et des mesures toujours plus dures sont prises pour nous faire payer. On augmente par-ci par-là, on coupe là où ça dépasse, et on ponctionne là où on n’a pas encore piqué. Mais bien sûr il faut nous endormir un peu avant.
Il est presque impossible dans la presse bourgeoise de voir le détail de tous les plans d’austérité. On entend vaguement que nos revenus vont baisser, que nos aides vont être limitées… Les médias nous bassinent sur les quelques mesures symboliques prises pour taxer quelques riches afin de mieux nous faire avaler la pilule.
Flicage des chômeurs & mesures anti-pauvres.
Tandis que le taux de chômage explose (plus de 27% en Grèce pareil en Espagne où 57.6% des moins de 25 ans ne trouvent pas de job) dans la plupart des pays la tendance est à la criminalisation des chômeurs.
On a évité ça en France pour l’instant, mais en Hongrie, République Tchèque, Espagne, Allemagne, et aux Pays-Bas c’est déjà fait : les bénéficiaires des allocs sont forcés de faire du travail gratuit s’ils ne veulent pas être radiés. Les mesures anti-pauvres pleuvent, l’interdiction de squatter les espaces publics, de faire la manche ou de faire les poubelles, sont appliquées partout.
Le mécanisme est toujours le même. Pour pomper plus de thunes à ceux qui en ont peu mais qui sont nombreux, la méthode préconise la baisse des salaires directs (payes) et indirects (chômages, retraites…), l’invention et l’augmentation de taxes et impôts, ainsi que la privatisation et les licenciements dans les secteurs publics. Petit tour d’horizon :
Salaires directs : La constante c’est la diminution…
Baisse du salaire minimum
A Chypre le salaire réel est diminué continuellement depuis 2010. La baisse du pouvoir d’achat devrait atteindre environ 10% pour la période 2010-2013. En Grèce le salaire minimum baisse encore, réduit de 22% pour l’ensemble de la population et de 32% pour les moins de 25 ans ce qui les place en dessous du seuil de pauvreté.
L’autre mot d’ordre c’est la flexibilité du travail. Ce qui veut dire faciliter les conditions de licenciement généraliser les contrats précaires type CDD, de faire faire des heures supp non majorées… En France, c’est le principe de l’ANI, loi dite de « sécurisation de l’emploi » qui donne les moyens aux patrons de faire encore plus pression sur leurs employés, leur permettant d’augmenter le temps de travail sans augmenter les salaires voire de directement baisser les salaires, de les envoyer bosser à l’autre bout du monde, et sinon c’est la porte… Les procédures de licenciements collectifs sont simplifiées, les recours juridiques pour les salariés limités dans le temps, et encore bien d’autres mesures qui permettent de faciliter les licenciements et de faire pression sur les salaires.
C’est à peu près pareil partout : Au Portugal la semaine de travail passe de 35 à 40h et bien sûr sans réévaluation salariale, dans tous les pays les congés et jours fériés sont réduits et les primes supprimées; En République Tchèque l’indemnité maladie est diminuée de 60% ; En Roumanie les salaires sont immédiatement baissés de 25% ; En Hongrie, une réforme du statut des fonctionnaires permet désormais de virer n’importe qui après un préavis de deux mois sans aucun motif… etc.
Baisse des salaires dans la fonction publique
Dans certains pays ils sont gelés sur plusieurs années, dans d’autres la baisse est immédiate notamment en Grèce et toutes les primes sont sucrées. Au Portugal, une baisse de 27% des salaires des fonctionnaires avec la suppression des bonus et traitements de base. En République Tchèque, certains perdent jusqu’à 30% de leur salaire avec le basculement des primes d’ancienneté transformées en primes de productivité.
Salaires Indirects : (retraites, chômage et aides sociales)
Dans tous les pays l’âge de départ à la retraite passe à 66 ou 67 ans, les pensions sont gelées et parfois baissées. En Hongrie et au Portugal le 13e mois des retraités est supprimé. La privatisation du système des retraites est envisagée un peu partout, il sera mis en place partiellement en République Tchèque l’année prochaine.
Le nombre de chômeurs augmente toujours et ils sont de plus en plus jeunes et de longue durée. Les critères d’éligibilité sont durcis, les allocations baissées et leur durée réduite, en gros on fait passer les chômeurs pour des branleurs et on les fout à la porte pour faire baisser les chiffres. L’allocation de chômage baisse et devient dégressive, en Hongrie elle passe de 120% à 90% du salaire minimum le 1er mois puis à 80% et 70% les mois suivants, et limitée à 90 jours contre 270 auparavant.
La plupart des aides spéciales sont baissées ou simplement supprimées. Aides au logement, pensions d’invalidité, allocations familiales… pas de petites économies. Les étudiants voient leurs bourses baissées, ou n’y ont plus droit et sont forcés d’abandonner leurs études (en Espagne 20% des étudiants ont déjà perdu leur bourse), et ceux qui ont une formation financée sont redevables aux yeux de l’état comme en Hongrie. Les revenus d’insertion sont baissés et leurs critères durcis, au Portugal c’est près de 100 000 personnes qui ont perdu leurs droits durant les trois premiers mois de l’année. En Espagne, en plus d’être forcés à bosser pour garder leur RSA, il faut maintenant pour y prétendre avoir d’abord réussi à décrocher un premier contrat de travail !
Cette logique pousse à accepter n’importe quel job à n’importe quel prix, ce qui tend à peser sur le marché et à faire baisser encore le prix de la force de travail.
Coût de la vie
En plus des ponctions directes sur les revenus c’est aussi le coût de la vie qui augmente.
La TVA atteint des records, 27% pour la Hongrie (18% pour les produits de base !) au coude à coude avec la Roumanie à 24%, le Portugal et la Grèce à 23%.
De nouvelles taxes apparaissent quand d’autres augmentent. Mais comme les taxes font peur on leur donne une connotation positive, on voit donc poindre et augmenter les taxes « morales » sur les produits « nuisibles » : tabac, alcool, essence, transports, énergie… En Hongrie comme dans la plupart des pays, on trouve une « taxe hamburger » sur les produits trop gras, trop salés, les sodas, les jeux de hasard, les appels téléphoniques, une taxe qui sera bientôt élargie à la bière et au café, ça aussi c’est mal.
En Espagne c’est carton plein pour les bonnes taxes, le gouvernement augmente donc la TVA sur les évènements culturels, ils ne peuvent pas dire que ce soit mauvais pour la santé alors ils nous disent que c’est du luxe !
Les bonnes taxes sont aussi celles qui ont l’air de taxer les riches. Une taxe sur les entreprises à Chypre de + 2.5% mais qui sera forcément répercutée sur les salaires. En Hongrie, on stigmatise le capitalisme financier, la « taxe Tobin » s’applique à absolument toutes les transactions financières (virement, retrait…) et ce pour les riches comme pour les pauvres, c’est ça l’égalité pour tous ! D’ailleurs le taux d’imposition sur le revenu est fixé à 16% que ce soit pour les patrons de multinationale ou pour les smicars comme ça pas de jaloux…
Privatisation et fonction publique
La tendance reste aux liquidations des biens publics, et aux licenciements massifs.
Ce qui est le plus inquiétant dans la majorité des pays ce sont les mesures prises contre le secteur de la santé. Au Portugal, son budget est réduit drastiquement et le coût des consultations augmente au point d’impliquer une augmentation de la mortalité de 10% pour le mois de février comparé à l’année précédente.
C’est la même chose un peu partout, en Italie le budget de la santé est amputé de 5 à 8 milliards d’euros avec une suppression massive de lits d’hôpitaux voire de cliniques entières tout comme en Hongrie. En Espagne, Rajoy entend faire des coupes hallucinantes atteignant les 15 milliards d’euros, c’est 5 milliards de plus qu’annoncé précédemment.
Les grèves se multiplient dans tous les pays dans tous les secteurs, le chômage atteint des sommets, le prolétariat est assaillit de tous côtés, c’est la nouvelle grande dépression.