L’austérité succède a l’austérité, les élections passent et des mesures toujours plus dures sont prises. Elles visent à réduire le prix de la force de travail, à faire baisser les salaires directs et indirects.
Quels sont les détails de ces mesures ? Il est difficile dans la presse bourgeoise de trouver réponse a cette question, les approximations sont de règle, on parle vaguement de baisses, évoque ça et là divers aspect des plans sans les détailler. Il est plus important du point de vue de cette presse de revenir sur les réactions des marchés, et c’est normal.
Quand à nous, nous lançons la publication d’un panorama international des mesures d’austérité contre le prolétariat, pays par pays.
Ces mesures sont autant d’attaques contre les prolos, camouflées derrière des annonces bidons sur des mesures exceptionnelles en direction de la bourgeoisie: On en a rien a foutre de la cosmétique du pouvoir, et on va donc se concentrer sur l’important.
Nous n’indiquerons pas toutes les sources , il y en a trop: c’est tout simplement très difficile de compiler toutes ces données, les médias bourgeois ne s’étalant en général que très peu la dessus. Une liste de références tout de même en bas de page.
Listes des mesures :
Coût de la vie :
- Augmentation de la TVA de 16 à 18 %.
Fonction publique:
- Gel des embauches dans la fonction publique.
- Diminution a hauteur de 6 M d’euros de l’investissement public pour le budget 2010.
- Diminution de 1,2 M d’euros de la dotation aux régions et aux municipalités.
- Réduction des lits d’hôpitaux d’environ 25%.
Salaires :
( Directs mais aussi indirects : chômage, retraites, sécu…)
Dans la fonction publique :
- A partir de juin 2010 : réduction des salaires des fonctionnaires d’en moyenne de 5% et gel en 2011.
Privé & général :
- Baisse des indemnités chômage
- Suppression de l’allocation pour les chômeurs de longue durée.
- Augmentation de l’âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans.
- Augmentation de 35 à 37 annuités pour avoir la retraite à taux plein.
- Gel de la revalorisation des retraites en 2011 et 2012.
- Fin de l’aide a la naissance de 2500 euros (mis en place en 2007)
Privatisations:
- Le contrôle aérien de 17 aéroport a été privatisé (suite au grèves ces secteurs ont été mis sous tutelle militaire pendant 1 mois).
- Les aéroports de Madrid-Barajas et de Barcelone-El Prat ont vu leur privatisation repoussées mais auront certainement lieu d’ici peu…
- Annonce de la privatisation d’une partie de la loterie nationale (entrée de capitaux privée pour 6 à 9 M d’euros, c’est la plus grosse mise en bourse espagnol jamais réalisé), cette mesure à été reporté en attendant que le marché soit plus favorable.
Conditions d’exploitation:
- Création d’un nouveau contrat d’apprentissage
Divers :
- Réduction de 600 millions d’euros de l’aide au développement en 2010-11.
Et en prime :
- Révision de la constitution pour y inclure la « règle d’or ».
Éléments de contexte : du coté du pouvoir…
Pas de chance pour les socialos espagnols c’est pendant le mandat de Zapatero que la crise a commencé, mandat qu’il n’a d’ailleurs pas fini suite aux élections de 2011. Socialiste ou pas quand faut sauver le capitalisme y a pas de limites aux mesures de rigueurs. Depuis 2008 les socialos espagnols enchaînent les mesures en essayant de faire croire aux prolos que c’est ça ou le déluge.
Cette année le PSOE s’est pris une grosse claque aux élections et c’est le PP qui l’a remporté. Bien sur ça ne rassure personne et ça n’augure rien de meilleur pour les prolos espagnols. Le nouveau gouvernement a bien sûr dit qu’il ferait encore des plans de rigueurs … on connaît la chanson, on en avait d’ailleurs parlé il y a quelques mois.
Malgré toutes les mesures misent en place par les socialos la situation économique ne s’est pas arrangée, avec entre autres le problème des logements vides (1million) que plus personne ne peut se payer (plus de thunes et resserrement du crédit), du coup les nombreux employés qui bossaient dans le bâtiment sont toujours au chômage, les banques espagnoles sont dans la merde et la dette du pays est toujours énorme, elle emprunte à des taux de plus en plus important, et la dette de l’Espagne c’est pas des cacahuètes comme en Grèce.
Réponses du prolétariat :
Depuis le début de la crise économique en Espagne, de nombreuses journées de grèves ont eu lieu. Malgré les mesures énoncées plus haut qui sont super hardcore, aucune grève massive et prolongée n’a eu lieu comme la lutte des retraites en France par exemple (pas pour autant victorieuse).
Le 29 septembre 2010 une grève générale, la première en huit ans, était pourtant énorme : 10 millions de salariés en grève (1 sur 2 !), certains secteurs comme la sidérurgie, l’énergie et les services de nettoyage étaient en grève à 100% !
Heureusement la grève était organisée par des « syndicats responsables » chaleureusement remerciés par le gouvernement socialiste. En effet ils avaient consentis au maintien d’un service minimum dans certains secteurs et le lendemain tout le monde était retourné au boulot. Faudrait quand même pas en faire trop. Mais attention, ces syndicats en ont tiré une belle leçon : c’était « une grande victoire démocratique » ! On sait plus si faut en rire ou en pleurer…
Une des autres réponses du prolétariat espagnol, c’est bien sur sa participation au mouvement des « indignés ». Vu que c’est une forme d’organisation un peu nouvelle on va pas s’éterniser dessus dans cet article car il y a beaucoup trop à dire. Mais on peut quand même dire que ce mouvement était limité, ne serait-ce que par ses revendications (« retour » à un capitalisme à visage humain, économie locale vs Capitalisme mondial etc …).
Une bonne partie des militants de ce mouvement se sont tournés vers l’alternativisme déjà beaucoup présent dans le milieu d’extrême gauche en Espagne, surtout autour de squats avec l’organisation d’activités sociales/culturelles, de repas communautaire, de crèches, etc… Bref ils tentent de gérer leur misère, de se reproduire socialement, ce que l’État n’assure plus.
Bref, s’il fallait noter les gouvernements par les mesures qu’ils arrivent à faire avaler bon gré mal gré, aux prolos de leur pays, on se dit que les socialistes espagnols s’en sortent plutôt pas mal.
Qu’est-ce que vous dites ? Qu’en Grèce aussi c’étaient des socialistes au pouvoir? Bah, pas de souci, peut être que bientôt en France aussi y aura un socialo pour nous faire passer l’austérité ! Pendant ce temps, en Espagne, il y a désormais la droite. Qui sait, ce sera peut être… Encore pire ?
Chiffres clefs :
- 22,8% de chômeurs, et près d’un jeune sur 2 est au chômage.
- En 2007 le nombre de délivrance de permis de construire était de 1,5 million. En 2009 juste 60 000.
- Près de 1 million de logements invendus.
- En 2010, 100.000 familles espagnoles ont été délogées (4 fois plus qu’en 2007).
- PIB (2009) : 1053 milliards d’euros
- Taux de croissance:
2008 : 0,9 %
2009 : -3,7 %
2010 : -0,4 %
- Taux de chômage :
2008 : 11,3 %
2009 : 18 %
2010 : 19,7 %
- Taux d’inflation (2009) : – 0,3 %
- Déficit public :
2009 : -11,4 % du PIB
2010p : -10,4 % du PIB
- Dette publique :
2009 : 53,2 % du PIB
2010p : 65 % du PIB
- Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB :
agriculture : 2.9%
industrie : 30.4 %
services : 66.7%
- Balance commerciale(2009) : – 94,7 milliard d’euros
Sources:
http://www.liberation.fr/economie/0101635017-zapatero-annonce-un-plan-de-rigueur-drastique
http://www.rue89.com/2010/04/30/portugal-irlande-grece-et-espagne-la-claque-sociale-149489
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/12/28/292-752-e-le-roi-despagne-publie-son-salaire-pour-ecarter-les-soupcons-de-corruption/#xtor=RSS-3208
Mais oui, comme dans DNDF: drame de la misère chez les riches; baisse de 15% puis gel du salaire en 2011, c’est grave ? Mais au fait est-ce vraiment un “salaire” ?
Les Rois salariés, c’est la paupérisation..qui vient?
Salutation, pour la comunizacion, y nada menos (et rien de moins)
Les espagnols ont encore de l’espoir :
80% du pays a joué à la loterie nationnale de noel.
http://www.europe1.fr/International/En-Espagne-le-loto-de-Noel-resiste-874933/