L’Espagne se grippe… Une analyse de la situation, par notre correspondant sur place.

Ce 29 mars a démarré une grève d’un jour sur le territoire espagnol, à l’appel des deux centrales syndicales principales, CCOO et UGT. On en profite pour faire un petit tour du propriétaire.

Si la crise était une boîte de chocolats, (et on ne me fera pas pour autant endosser le rôle de Forrest Gump) , chacun des fameux « PIIGS » aurait sa petite particularité, un goût différent…

Si la Grèce sent le sapin, avec sa dette exponentielle et son impossible redressement. Si le Portugal semble asphyxié, atteint qu’il est par une précarité affolante et l’absence de deux, trois générations de travailleurs partis pour une grande partie en France chercher de l’emploi. Si l’Italie a le rôle du pays perdu dans une crise politique majeure alliée à des réalités similaires à celles de la France (inflation notamment), on peut dire que l’Espagne et l’Irlande sont les pays des extrêmes. L’Irlande, modèle de la flexibilité des années 90 et 2000, parangon de l’économie à l’Américaine, avec son salaire moyen supérieur au vieil ennemi anglais, fait face aujourd’hui à une gestion de crise drastique. L’Espagne, elle, lie de manière assez impressionnante un passé récent de boom économique à des statistiques de précarité, de chômage, de crise de l’immobilier qui la condamnent, à très court terme, à vivre une version accélérée de l’austérité, et donc à une situation de tension sociale sans commune mesure en Europe.

Qui n’a pas entendu parler dans les médias nationaux et internationaux du fameux « miracle espagnol » ?

Si ce n’est pas le cas, il suffira de faire un tour dans les principales villes d’Espagne, des Paisos Catalans ou d’Euskal Herria, pour constater les énormes investissements qu’elles ont connu. Routes, aéroports flambants neufs, grands bâtiments d’art comme le Guggenheim à Bilbao ou Reina Sofía à Madrid, monuments modernes à Séville à Plaza Encarnación, port olympique de Barcelona, cité des Sciences à Valencia et son fleuve entièrement détourné…Le grand capital a mis les moyens, et le territoire s’est vite adapté au défi d’être l’un des plus grands centres d’accueil du tourisme dans le monde.


Un pays passé en quelques années d’une économie vétuste et une crise de production post choc pétrolier, passant par des restructurations délirantes (ou comment Bilbao est devenue en quelques années la capitale européenne de l’autonomie ouvrière et des luttes comme celles du port de Portugalete, avant de laisser place au chômage, au mouvement punk et à la toxicomanie générale), à un des centres principaux de captation de l’économie touristique de masse, mais aussi le paradis des grandes fortunes du golfe (Marbella), le centre d’accueil des hautes classes allemandes en recherche de facilitations économiques (Baléares), en un mot au pays du loisir et de la fête. Inutile d’aller à Vegas, l’Espagne est LE pays du jeu en Europe. On y trouve à chaque rue des petits casinos, des salles de jeu, des prolétaires enrubanés de tickets de bingo et de loterie nationale. Toute la France qui trime vient y chercher du pas cher : clopes, alcool, prostitution, caisses ; le reste dépense la nuit dans le principal secteur d’activité du pays, celui de la fête arrosée. Tout y est prétexte, du jeudi au dimanche, sans oublier les ferias, fallas, processions catholiques, jours de foot, jours feriés, festivals, etc…

Une main d’œuvre pas chère, une économie du service en explosion, et surtout une bulle immobilière sans commune mesure , et on pourrait presque donner à ce pays l’apparence d’être la treizième économie mondiale.

La réalité est bien plus inquiétante.
Pour la comprendre, cette réalité, il faut tout simplement regarder l’actualité des réformes et des statistiques de l’économie espagnole :
– L’Espagne est le pays qui a le plus fort taux de chômeurs des pays développés. On parle aujourd’hui de 5,3 millions de chômeurs, pour une population totale (pas active ! retraités, enfants, etc, tout compris !) de 47 millions de personnes : soit un taux de 22,85%. Et avec un chômage des jeunes (les moins de 25 ans) qui est près de 50%, tandis que les employés arrivant sur le marché du travail sont surnommés « nimis » (ni mismo, pas même 1000 €)

– Dans le cadre de la bulle immobilière, plus d’un million de logements excédentaires ont été construits et ne trouvent pas d’acheteur. Le secteur BTP est donc en crise totale.


Qu’ont trouvé le patronat et leur gouvernement pour sortir de cette crise ? De la flexibilité, bien sûr. Elle s’arc-boute sur deux axes principaux :
– Les fameux « recortes », coupes franches budgétaires, qui s’en prennent à tous les services, avec évidemment au premier plan l’éducation, mais aussi les financements des provinces autonomes. La marge de manœuvre de l’Etat espagnol n’est pas celle de la France, car moins centralisé. Aussi, pour agir, il faut avant tout couper les pouvoirs économiques d’ajustement locaux, sujet très sensible, héritier de l’Estado de Bienestar (état du bien-être) prôné dans le cadre de la grande réconciliation post-franquiste. Couper les budget des provinces autonomes, c’est aussi se mettre à dos une bonne partie de la bourgeoisie du territoire, notamment celles de Catalogne et du Pays Basque (les meilleurs PIB/hab se trouvent en Viskaya, Nafarroa, Catalunya, et communauté madrilène).
– Des attaques sur le salaire direct et indirect :
Baisse de l’indemnité de chômage (33 j payés au lieu de 45),
Baisse du salaire,
Facilitation du licenciement sans motif,
Intervention étatique dans le paiement d’une partie du chômage et des indemnisations,
Aide à l’embauche allant jusqu’à 4500 euros sur chaque nouvel emploi créé : les travailleurs paient pour se faire embaucher…
Facilitation du licenciement collectif pour cause de pertes à court terme,
Instauration d’un travail obligatoire pour les chômeurs sous la forme de travaux d’intérêt public.
Période d’essai d’un an pour les contrats sur des travailleurs de moins de 30 ans. Pour faire simple, vu la durée actuelle des emplois, il s’agit tout simplement d’une période d’essai permanente ne débouchant que sur des licenciements gratuits.
On pourrait faire la liste des innombrables aides économiques auxquelles s’engage l’Etat à travers cette loi, on dira simplement que c’est une attaque générale, du salaire direct et indirect, des droits des travailleurs.

Tout cela serait tout bonnement formidable, si cela ne présageait pas (je ne le souhaite pas, hein) des protestations.
Il faut dire qu’avec ces nouvelles réformes, on peut d’ores et déjà prévoir un bond du chômage. Mariano Rajoy, chef du gouvernement, parle lui-même de bien 630 000 licenciements supplémentaires cette année, soit, oui oui vous calculez bien, un total de 6 millions de chômeurs.

Alors si l’objectif est de créer de l’emploi pourquoi provoquer tous ces départs?
D’abord en segmentant. Du travail à temps partiel, ça veut dire moins de chômeurs, plus de précaires alternant entre chômage et temps partiel. À ce prix-là autant dire que remplir ses annuités retraite devient une douce chimère. Comme quoi un problème peut en régler un autre.
Ensuite, parce que c’est pas vraiment l’objectif, ha ha on vous a bien eus hein. L’objectif c’est que Ricardo, le cousin de Richard , s’en mette grave plein les fouilles et réinvestisse autant qu’il pourra sur d’autres secteurs que le BTP (il faudra d’abord détruire ou laisser à l’abandon le million de maisons construites en avance et qui ne trouvent pas de propriétaire, d’abord). Parce que pour Ricardo, là, c’est plus le BTP, c’est même plus la BtTP, là c’est la clef sous le paillasson après la déflation , puis la récession confirmée par la Banque d’Espagne, mais on aura sans doute l’occasion d’en reparler dans un autre article.


Quelle réponse du prolétariat ?

On pourrait faire une analyse bien plus large, elle sera faite sous peu, des différentes forces en présence et surtout de l´histoire socioéconomique de l Espagne. On se contentera d’un rapide panorama :
– Des syndicats assez puissants, et assez jaunes.
Il serait assez long de parler du syndicalisme espagnol, et il faut bien prendre en compte que la légalisation de ces derniers est plus que tardive (1977 !). Si l’UGT est un des plus vieux syndicats du globe, sa participation à la guerre civile du côté républicain l’a poussé à l’exil. Quant aux CCOO, les fameuses commissions ouvrières, issues de la clandestinité des années 60, largement lancées par le PCE et les organisations cathos de gauche, elles ne sont que l’ombre de ce qu’elles ont pu être. Les CCOO représentent d’ailleurs aujourd’hui le syndicat majoritaire en Espagne et la liste des appels au calme des deux frères ennemis à présent réunis dans le camp de la négociation et des tables rondes.
http://www.portaloaca.com/articulos/contra-info/2729-los-sindicatos-amarillos-ugt-y-ccoo-descartan-convocar-huelga-general.html
L’exemple le plus visible est celui de la reforma laboral, qui fait suite à un accord dûment signé par CCOO et UGT de précarisation, accord cependant jugé insuffisant par le pouvoir.
On notera à cet effet le style très « à l’américaine » des défilés des syndicats majos : un petit drapeau en plastique à l’effigie du syndicat par manifestant.

Alors pourquoi cette grève est-elle intéressante ?

Eh bien, tout simplement parce que l’activité de crise, grâce à (ou malgré, on sait pas trop) Dieu, ne se résume pas à la jaunisation des centrales syndicales. Les réalités sociales sont bien là (une ville telle que Grenade culmine à plus de 40% de chômage), et le « retour à la normale » semble aussi peu crédible qu’un lendemain de fête sans gueule de bois. Surtout si le propriétaire veut vous faire payer la soirée…

Le mouvement des indigné-e-s, sur lequel nous reviendrons une autre fois, promis, a laissé des traces fortes dans la société civile, empreintes de citoyennisme mou et de non-violence, certes. Mais depuis, force est de constater que les mobilisations sont très fortes. Un exemple parmi tant d’autres, celui de la manifestation contre les « recortes » (plan d’austérité) dans l’éducation, a réuni pas moins de 45 000 personnes. Les syndicats en attendaient 7 000…
Les manifestations du 19 février (un dimanche…les manifs ici, c’est samedi ou dimanche, et après le travail bien sûr) ont réuni, selon les chiffres, entre 50 et 500 000 manifestants, selon qu’on soit de la Guardia Civil (police) ou pas.

Enfin, il est à noter que cette journée de grève générale a été poussée par les secteurs les plus combatifs, et notamment, ironie s’il en est, par les syndicats basques indépendantistes.

La mobilisation en territoire espagnol ce 29 mars fut énorme. 

À vrai dire, cela n’a pas surpris grand monde, tant les manifestations sont massives depuis deux ans. Quelques chiffres des syndicats (ceux de la police sont tout simplement ridicules, dignes de ceux de la police marseillaise) : près de 800 000 à Barcelone, 700 000 à Madrid, 250 000 à Valence, 100 000 à Séville, 100 000 à Alicante,…un raz-de-marée qui a sans doute dépassé les mobilisations des indignados.
Les mêmes syndicats majoritaires situent à 77% l’arrêt d’activité dans le public sur tout le territoire (7%, déclare le gouvernement), avec des pics en Paisos Catalans, Galiza et en Euskal Herria (grève quasi-totale selon les syndicats, à 60% selon le patronat). En tout, 10 millions de personnes auraient suivi le mot d’ordre de grève, sur un total de 47 millions d’habitants, pour 28 millions d’actifs et 5,5 millions de chômeurs. Cela ferait presque rougir mai 36 ou 68, si l’on ne parlait pas là d’une grève…d’un jour. Quoi qu’il en soit, il s’agit sans doute de la plus grosse grève depuis la chute du franquisme et l’établissement de la monarchie parlementaire (1974).

Voilà le centre du paradoxe espagnol : de très grosses mobilisations, certes, mais peu de suivi et pas de perspectives de grève générale reconductible. Il faut dire que la stratégie des syndicats, qui n’est pas sans rappeler les fameux « temps forts » de la CGT et la CFDT en France dans le milieu des années 2000, ne peut guère mener à des débordements.

” chaque employé au travail est brocardé, traîté d’ « esquirol » (« écureuil », jaune)”

Pourtant la tension est forte : le journal la Razón, de droite figaresque, titrait ce 29 mars « hoy trabajas para España », tandis qu’aux abords des manifestations, chaque employé au travail est brocardé, traîté d’ « esquirol » (« écureuil », jaune), tandis que des sites internet organisaient des listes d’entreprises ayant tenté de bloquer la mobilisation en leur sein ou menacé des travailleurs (https://docs.google.com/spreadsheet/lv?key=0Ag08TvuVV0D3dGU5QnQ3am10RWp3bjdvMDVSX2hmOGc&rm=full#gid=0 ).

De la tension, on peut dire qu’il y en a eu dans les rues de Barcelona où 35 personnes ont été arrêtés, durant une manifestation si dense que l’accès aux places centrales en est devenu impossible. Il est vrai que la police catalane (mossos de Esquadra) n’est pas en reste, très réputée qu’elle est pour sa violence ( manif contre le processus de Bologne en 2010, où les mossos nous montrent comment répondre au bête slogan « som estudients, no delinquents » : . Une vidéo montre par ailleurs des éléments infiltrés de la police dans la manifestation poursuivis par la foule.


D’autres incidents ont éclaté à Bilbo, Iruñea, Tarragona, Madrid. Petite touche locale, dans la presse espagnole on appelle « grupos antisistema » ceux qu’on surnomme « casseurs » chez les confrères gaulois. En Paisos Catalans, à l’issue des 76 arrestations du 29M, Artur Mas, chef du parlement et de l’organisation Catalaniste de droite libérale CiU, alliée au gouvernement, a comparé les incidents du 29M aux Kale Borroka. Cette allusion n’est pas anodine, les Kale Borroka (lutte de rue en basque) étant un groupe d’action de manifestations tombant sur le chef d’accusation d’organisation terroriste. Il n’est pas à écarter que des moyens antiterroristes soient rapidement utilisés par l’Etat, avec qui plus est l’expérience du Pays Basque où toute la gauche indépendantiste est classée terroriste. Les récentes autorisations des organisations Bildu et Amaiur, la victoire de ces derniers aux élections de novembre dernier, montrent aussi que l’Etat prend conscience d’une radicalisation en marche dans tout le territoire espagnol et plus seulement en Euskal Herria.

Comme précisé auparavant, l’UGT est le syndicat direct du PSOE et ne va sûrement pas rentrer en conflit avec l’application du plan d’austérité, quant aux CCOO, traditionnellement attachés au PCE et ayant connu un tournant cogestionnaire similaire à celui de la CFDT et de la CGT française, ils n’iront guère plus loin. Pour être complet, il faudra préciser que lesdits syndicats ne demandent pas l’abrogation mais la renégociation de la reforma laboral, et n’ont pas appelé à une nouvelle journée de mobilisation. Elle pourrait avoir lieu le 1er mai, date butoir fixée par des syndicats pas trop stressés.

Du côté des autres syndicats, il est évident qu’ils ont fort à gagner dans cette lutte avortée qui vont leur permettre des grossir leurs rangs (c’est du moins ce que déclare la CGT espagnole, qui avait jusqu’alors organisé ses propres rassemblements indépendamment des autres), mais l’ambiance n’est pas (encore) à la guerre sociale. Comme le hurlent les cortèges très minoritaires et très jeunes de la CNT « no es una fiesta, es una protesta » face aux chars des syndicats établis. Mais ces derniers, enferrés dans le devoir de mémoire et la commémoration de la guerre civile (une loi de restauration des patrimoines des organisations républicaines de 1936 leur octroie d’ailleurs beaucoup de moyens), et une stratégie isolationniste,sont une force mineure quoique non négligeable.

Dans toutes les villes d’Espagne ont été organisées des Assemblées, montrant des volontés de franchir le pas, certes, mais aussi le lent cortège de propositions citoyennistes, hippies, pour ne pas dire pire. Depuis le mouvement dit des « indignés », on a toujours pas de pétrole, mais on a plein d’idées à la con, et en tous cas on en parle.

En effet, s’il y a quelque chose, bien avant la paella, le turrón et le mauvais goût architectural période baroque-roccocco, qui caractérise la péninsule ibérique, c’est bien l’alternativisme qui le peuple.

Banques étiques, grève (très suivie par ailleurs) de la consommation pour le 29M, squatts qui ressemblent bien souvent plus à des MJC qu’à des outils de lutte, boycott des supermarchés, jardins communautaires à l’instigation de militants, et caisses de solidarité pour les prisonniers politiques de la cause animale, s’il vous plait… On pourrait presque se demander si finalement il y a vraiment une crise, tant les pratiques de période de reflux de luttes sociales sont légion.

Bref tout n’est pas encore prêt ici pour le boum final, mais au rythme où vont Ricardo et ses potes, ça devrait plus trop tarder.

Allez, en attendant qu’il se passe (très bientôt, sans le moindre doute) des choses sérieuses, on écoutera un petit « a la huelga » pour clore tout ça. Une huelga, insurrectionnelle, celle là…


ySAcDSPBHRU

11 comments

  1. faut préciser que la dernière grève du 29 mars était… un JEUDI!!! Un truc de fou pour l’Espagne qui fait d’habitude que des manifs le week-end end. Bon ok c’était une journée européenne, du coup c’est pas les syndics jaunes espagnols qui l’ont décidé mais bon… du coup leur argument de dire qu’en semaine la grève marche pas c’est du pipeau, a suivre…

  2. http://nouvelleshorslesmurs.wordpress.com/2012/03/30/greve-des-acieries-grecques-les-neonazis-sont-ils-solidaires/

    Salut,
    Deux ou trois choses. Ci-dessus comment les grévistes métallos en Grèce, dont les adhérents au Pame (voir KKE) ont reçu et applaudi les représentants d’Aube Dorée, groupement néo-nazi notoire. Voilà l’état de la classe ouvrière stable employée à la production, ou du moins un échantillon significatif, celui des ouvriers qui soutiennent et adhèrent à ces rackets prêts à tout, afin de continuer la production/consommation/reproduction élargie de la société de classe. En France nous avons sous les yeux les sidérurgistes de Florange site probablement voué à la fermeture, (lire CQFD mois de Mars). Leur acier est très bien, de grande qualité (La tour Eiffel, etc…), le syndicaliste (cfdt)dit : [à propos des candidats à la présidentielle] “On est sympas. On les reçoit et on discute avec eux tant qu’il répondent à nos questions. tout va bien tant qu’ils ne cherchent pas à nous récupérer”. Et puis quoi encore, les recevoir c’est bien sûr jouer leur jeu, et comment refuser puisque se sont les interlocuteurs des syndicats ?
    Un autre (cgt, of course) “…à croire qu’on ne va pas pouvoir échapper à une révolution”. Faudra en parler avec le front de gauche, sans aucun doute.
    Je reviendrai pour l’Espagne, promener le chien de l’espoir à la laisse de sa soumission. Non, courir encore sur la grève sans fin.

    1. Loin de moi l’idée de défendre le PAME sur leur ligne, sur le fond, etc. Il s’agit de la succursale syndicale du KKE, un parti gestionnaire, pour le capitalisme d’état (qu’il appelle “socialisme”) Bref, un parti de l’ordre.
      Ceci dit, cette histoire comme quoi les syndicalistes du PAME auraient accepté de bon coeur le soutien du parti fasciste Aube Dorée m’interpelle.
      Je veux dire par là que ne vois pas quel intérêt le PAME aurait eu de s’afficher a coté d’adversaires politique au sens strict, du KKE.
      Le KKE et le PAME sont sur une ligne très auto-centrée: pourquoi alors accepter le soutien de fascistes?
      Vraiment, j’aimerai bien avoir des précisions sur cette histoire.
      Par exemple, ici
      http://fr.contrainfo.espiv.net/2012/02/18/les-grevistes-des-acieries-grecques-accueillent-les-neo-nazis-daube-doree/
      Je lis que les grévistes auraient du casser la gueule des fafs, au lieu de les accueillir “chaleureusement”
      Or rien n’indique qu’ils les accueillent “chaleureusement”.
      Si je suis d’accord sur le fait que c’eût été bien préférable que les fafs se fassent défoncer, la question c’est a combien sont ils venus?
      Il me semble qu’un groupe de fascistes nombreux et prêt a cogner a plus de chances d’être “reçus” , par exemple.
      Après, il ne s’agit pas de prendre la défense du KKE, vraiment.
      Mais je pense qu’il y a plein de raisons de les attaquer, comme par exemple leur défense du parlement, leur autoritarisme, etc. etc.
      Et qu’il faut faire attention a ne pas relayer des infos sans les vérifier, ce qui nuit a la polémique.
      Ceci dit, vraiment, dans un sens comme dans l’autre j’attends plus de sources…

      1. Salut,
        Sur l’image de contrainfo, relayée sur dndf (action directe à la grecque) on peut voir Ilias Kasidiaris de chrissi Avghi (Aube d’or), Ilias Panagiotaros autre membre du parti nazi Aube d’or, et Giorgos Sinfonios responsable de la Pame, un quatrième personnage dont le nom n’est pas donné est présenté comme un représentant de Pame.
        D’après mes courtes recherches Ilias Panagiotaros est bien le personnage présenté comme tel, impossible de confirmer si les deux autres zigues sont bien ces zigues-là. Mais en cherchant un peu plus on devrait arriver (faut chercher en grec, c’est plus efficace) à avoir la trombine du syndicaliste Giorgios Sifonios et même celle du Ilias Kasiriadis. En tout cas les patronymes des gus correspondent bien avec leur appartenance syndicalo/politique.
        J’ai lu que les dirigeants du Pame ont dénoncé un montage photo, puis ont parlé d’une provocation de leur part ( celle du Pame) pour attirer l’attention sur cette grève qui dure depuis près de 200 jours, et c’est réussi, mais pas vraiment dans le bon sens, dommage…
        Je suppose que la photo est bonne, et que le syndicaliste G.Sinfonios a cru faire un bon coup en invitant les nazis qui distribuèrent leur matériel de pub. portant leur sigle et leur slogan du genre “Nettoyer tout ça pour de vrai!”
        Pourquoi accepter le soutien des nazis de Daube Adorée ? Le KKe et Pame itou sont de fervents nationalistes, Daube Adorée idem. Anti-finance-internationale-et main-mise de l’étranger sur la Grèce.
        Deux versions complémentaires : pou KKE/pame : version “occupation Allemande”, “financiers crapuleux”, pour Chrissi Avghi : hordes immigrées, probablement complot américano-juif, ou des salamis de cet acabit.
        Dans le fond, beaucoup de similitudes, et surtout une similitude de fond (de commerce). Le nationalisme, l’état, l’affirmation du travail à travers l’état, à travers la nation, le peuple et toute ces sornettes, puissantes. C’est le fond de la défense des travailleurs Grecs, en Grèce contre le” capital” (mais toujours comme finance), pour la production, et contre le capital comme étranger, comme xénophobie.
        Je ne sais pas si les ouvriers ont accueilli chaleureusement les Daube Nazes, mais ils devaient y en avoir quelques-uns (là encore manque de documents pertinents), encore, en tout cas sur la photo dont on cause les zigues semblent faire face à un public auquel Giorgos Sifonios semble s’adresser.
        Bien sûr, il est probable, mais non certain, que les pontes Daube Naze Si do ré soient venus avec quelques frappes de leur connaissance et parti, néanmoins cela peut se contourner pour les ouvriers non-Pamé,en restant chez soi à boire un café à la turque (et/ou à la grecque ?) offert par les caisses de soutiens et/ou générosité publique et/ou ouvrière et/ou hors classe professionnel.
        Généralement, il est très profitable de s’intéresser à la période de la montée du Fascisme en Italie, et sur la proximité remarquable qu’entretenaient les organisations syndicales (notamment anarcho-syndicalistes) avec le mouvement des Arditis puis avec les Fascio, il a existé des “faisceaux” anarcho-syndicalistes” et le programme fasciste de 1919 (à vérifier la date ) est tout à fait dans la ligne socialiste-syndicaliste. en bref, ce n’est pas pour rien, ou juste pour la récupération que la mention socialiste, ou syndicaliste revient pour ainsi dire dans toutes les formes de fascisme-nazisme européen : Allemagne Nazional-Sozialimus, Italie : programmme Syndicaliste-socialiste; Espagne : Falange et JONS (Jeunesse Ouvrière” Nacional Sindicalista”).
        Donc.

  3. C’est un Chien Andaluz.
    Il est probable qu’en matière “d’idées à la con” les non-hippies des masses syndicales ne sont pas très mal placées. Vous écrivez que les squatts sont plutôt des MJC (Léo Lagrange :1947 ou environ) que des”outils de lutte”, j’aimerai que vous définissiez ce terme : “outil de lutte”. Mon avis est qu’il n’y pas d’outil de lutte, vu que la lutte est “l’outil”. D’autre part vous considérez que les jardins communautaires et autres pratiques “alternatives” ne répondent pas à un besoin immédiat et de base tel que se nourrir ou pouvoir se réunir quelque part, ou encore faire garder ses enfants, et vous appréciez cela comme “en dehors de la crise” (pratiques de reflux), j’y vois AD contrario des pratiques sociales totalement en phase avec cette crise, maintenant.
    Ce que signifient selon bibi cet “alternativisme” c’est que tout changement radical, et le changement est radicalement radical,suppose et impose une rupture : en tant qu’ouvrier l’ouvrier ne sera jamais aussi bien que dans sa relation au capital, c’est l’impasse actuelle de la revendication ouvrière. Cette impasse de l’action syndicale et politique, véritable boulet, héritée du mouvement ouvrier est la tombe des illusions de la société des travailleurs.
    Il est difficile de renoncer à l’inclusion, parce qu’il est décisif de le faire. Pour les exclus, l’affaire est déjà entendue, donc on fait à partir de là.

    En ce qui concerne l’architecture, vous trouvez celle “baroque-roccoco” du plus mauvais gôut, et porqué no?, quoique je préfère, et de loin tout ce que vous pouvez désigner de la sorte (il eut fallu insérer une foto), à l’entassement vertigineux, odieux, déplorable, infect, etc. qui s’est élevé en Espagne en relation avec le secteur du tourisme -on l’a dit l’Espagne construisait+ que France, G.B, Deutschland réeunis!- aussi les billets de 500 circulant dans ce pays représentaient une très forte proportion de ceux de la zoneuro -plus facile pour les paiements de toute…espèces. Et moi-même, je suis en âge d’y avoir vu, il y de cela au début de la crise, une manifestation d’ouvriers du bâtiment avec entrepreneurs patrons manifestant leur mécontentement de ne pouvoir bétonner un espace classé “naturel” du côté de Torrevieja (Alicante), à cause de l’acharnement d’association de protection. Et faut voir Torrevieja, c’est déjà très très amoché, c’est triste, mais vrai : ils manifestaient ensemble.

  4. Fuenteovejuna
    Pour les caisses de solidarité avec les prisonniers de la cause animale, por favor.
    Oui et aussi des caisses pour les prisonniers des mouvements sociaux.
    Par exemple : la corrida de toros (récemment abolie en Catalogne espagnole), ce spectacle aristocratique descendant d’une pratique des nobles andalous sur leur terres lors des regroupements des bovins élevés extensivement sur d’immenses propriétés (latifundio) accompagne et supplante les réjouissances villageoises communes en Europe du Sud-ouest (France, Portugal, Espagne) plus ou moins brutales autour de la course avec les vaches, vachettes, toros et le lâcher de ces animaux à l’occasion de foires ou d’autres fêtes. Au 17ème-18ème la course tauromachique se fixe en un art aristrocratique : les corridas sont centrées sur le cavalier armé d’un pique et d’une dague, la piétaille (actuels toreros ) n’a que le second rôle, celui d’attirer le toro en cas de chute du cheval et/ou de son cavalier, en toréant de la cape, enfin d’achever l’animal en cas de besoin (les corridas portugaises ressemblent encore un peu à cela, je crois). La fixation avec picadors anonymes et toréros renommés est plus récente, c’est ainsi que l’autorisation , en France, du spectacle tauromachique date de Napoléon III, celui-ci ayant épousé l’espagnole Eugenia de Montijo : des corridas sont alors célébrées avec un faste impérial à Bayonne et Bordeaux, le spectacle est décrété légal au sud d’une ligne Bordeaux-Avignon,pendant ce temps les fêtes villageoises sont interdites et se réfugient hors espace urbain, persistant dans les bourgs et villages isolés, les fêtes se sont transformées en spectacle en lieu clos.
    Ces corridas, en désaffection relative pendant les années de la République furent favorisées dès le début de la dictature de Franco : modèle de virilité et d’espagnolitude (espanolidad), tout comme le football.

    Après ce trop bref aperçu;-).

    Pour que la Commune se lève et réponde aux questions des inquisiteurs : “Qui a cramé le Starbucks?”, “Qui a attaqué la banque, afin de la détruire ?” “qui a insulté les forces armées, les arrosant de crachats et de cailloux ?”
    “qui s’en pris aux entrepôts, aux magasins et aux demeures des gens de bien”
    Gens de néant, il faut aujourd’hui répondre : “c’est la commune, c’est la commune qui fit cela”
    adapté très libre-ment de : Fuenteovejuna. Lope de Vega
    Rideau.

  5. Texte récent du groupe grec TPTG :Burdened by the reloaded debt.(Il est question ce cette odieuse affaire Pame/Chrissi Avghi vers la fin de cet extrait.)
    “The 400 steel workers’ strike at Elliniki Chalivourgia (over 150 strike days) in West Attiki started as a
    response to 50 lay offs after the bosses’ blackmail to change the labour contract (5 hours a day for a
    50% wage cut) had been rejected. The same company owns another factory in Volos, of a smaller
    productive capacity and with 360 workers who, acting as scabs, work 8 hours a day temporarily to
    make up for the production of the factory on strike, although, according to the bosses’ plan, their labour
    contract has changed, too.
    It is a struggle ‘adopted’ by PAME through the control of its union. According to the initial strategy,
    the struggle was presented as having emblematic dimensions for the working class in general, with its
    possible victory being symbolically a ‘victory for all’ and conversely, its defeat a ‘defeat for all’. What
    helped build this emblematic character -apart from PAME’s activities and aspirations- was not only the
    unusually long duration of this struggle but also the unexpected solidarity shown by all political
    milieus, base unions, neighbourhood assemblies, the workers’ own community or just ordinary people
    (a solidarity, however, mainly confined to financial support). As time went by and the bosses seemed
    intransigent, the limits of the stalinists’ tactics imposed on the struggle became obvious: the strike
    remained stagnant without any prospect either from within –it is indicative of the Stalinist lawfulness
    that the strikers do not dare to even call their struggle ‘occupation’, let alone seize the means of
    production for whatever purpose…– or from without. Some solidarity actions were met with reserve
    and even hostility by the union: ‘All those who believed that they would keep our struggle away from
    other factories or companies, that they would turn us against the organized class movement, PAME,
    where we belong and which supports us, now that they failed, they will intervene more openly. They
    will attack us with slander, lies, terrorism and provocations, in order to weaken our struggle. They
    have already started doing so in various ways so far. In press announcements, through various events
    under the pretext of solidarity…’, (from Sifonios’ speech, the head of the union, on January 17, at the
    strike demo of PAME). In this way political opponents of KKE were held at bay while on this very day
    (17/1) of an Attiki-wide strike declared by Attiki Labour Centres, the strikers of Elliniki Chalivourgia
    chose to follow PAME strolling down to the Ministry of Labour leaving all other solidarity strikers
    take the usual route to Syntagma square. Instead of an ‘escalation’ of the struggle, the strike actually
    was used by the KKE as another opportunity for its electoral campaign: ‘No dialogue-No retreat-the
    plutocracy should pay for the crisis-Down with the government of predatory taxes-Elections now-All
    join the strike on 17/1 and PAME’s demo’, as the announcement of PAME ended.
    The use of the steelworkers’ strike as a tool for promoting the stalinist party’s general political line,
    does leave room for some opportunistic manoeuvre though, as the recent (17/2) warm welcome to the
    neo-nazi Golden Dawn ‘solidarity delegates’ in the factory by the head of the union showed. Whether
    the steelworkers are heading for a double defeat –both by the bosses and the stalinists who manipulate
    a workers’ struggle subordinating it to their political games– or not is a bet that a lot would not like to
    make…

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