Quelques jours seulement après l’annonce en fanfare du plan de sauvetage à la Grèce , la nouvelle d’un référendum sur son adoption en Grèce a fait retomber comme un soufflé l’enthousiasme des dirigeants européens. Ce référendum, le premier organisé depuis 1974 , est révélateur de la situation politique et sociale du pays.
( Il est désormais très probable que le gouvernement grec tombe vendredi, à l’occasion du vote de confiance , et sois remplacé par un gouvernement d’union nationale qui ratifie le plan de sauvetage avant d’organiser des élections anticipées. On en parlera le cas échéant. C’est en tout cas surement en vue de cette éventualité que Papandréou a renouvelé tout l’état-major. Cela ne peut qu’exacerber la tension en Grèce, qui verrait sa mise sous tutelle actée par une classe politique unie contre le prolétariat. )
Le 19 et 20 septembre dernier, des manifestations monstres rassemblaient près de 200 000 personnes devant le parlement. Après avoir failli céder face a la colère d’une partie des manifestants qui tentaient d’attaquer le parlement mercredi, les flics risquaient d’etre débordés jeudi, lors de la deuxième journées de manifs. C’est finalement un cordon de service d’ordre du PAME, la branche syndicale du Parti Communiste Grec (KKE) qui, disposé devant le parlement, a repoussé les assauts de manifestants. Nous reviendrons plus en détails dans un prochain article sur ce face a face entre une fraction radicalisée des prolos grecs, et le service d’ordre du syndicat stalinien , et sur l’évolution des forces politiques au sein du prolétariat dans ce pays. Une chose est sure: la situation est explosive.
Le dernier plan d’austérité ( qui prévoit la réduction de 20% des salaires de la fonction publique, abaisse le seuil du niveau d’imposition et autorise le licenciement des fonctionnaires.) c’était donc il y a moins de deux semaines. Pour le prolétariat grec, le plan de sauvetage (dont le contenu est critiqué ici), c’est déjà la perspective d’encore plus d’austérité, avec un renforcement de la tutelle de l’État par la troïka. (Fond Monétaire International, Union Européenne, Banque Centrale Européenne) .
Quelles seront les réactions des prolos devant tout ça? C’est la question a laquelle le premier ministre grec n’a pas vraiment envie de répondre.
Papandréou prend donc un risque calculé: la mise en œuvre d’un référendum.
Ce référendum aura lieu en décembre, c’est a dire juste avant une éventuelle faillite du pays.
Pourquoi un référendum?
– Il y a pour Papandréou la volonté d’arracher quelques concessions à la marge, dans ses négociations avec ses bailleurs de fonds et en particulier l’Allemagne. “Si vous ne voulez pas que la Grèce fasse défaut, et risque d’emporter avec elle l’Italie, et de foutre un beau bordel, lâchez nous trois miettes pour éviter qu’on se fasse lyncher.“
– Cela permet au gouvernement PASOK d’éviter des élections anticipées. C’est la raison la plus évoquée par les médias bourgeois, pourtant elle apparait comme très secondaire. On ne s’attardera donc pas là dessus.
Principalement, il s’agit de sortir la contestation de la rue, pour l’amener dans les isoloirs.
Comme on le disait un peu plus haut, la situation est explosive en Grèce. Appeler à un référendum, c’est tenter de pacifier la contestation, en la ramenant sur le chemin des urnes. C’est un coup intelligent de la part du pouvoir, ça on peut le reconnaitre. Un peu comme les référendums d’usines, visant a faire accepter aux ouvriers des baisses de salaires, contre un chantage a la délocalisation.
La propagande s’annonce massive.
On peut s’attendre a une intense campagne de propagande de l’ensemble des médias bourgeois, appelant la population a la responsabilité et au sacrifice. Le chantage a la faillite jouera a fond. On peut faire l’analogie avec les élections russes de 1996, qui ont vue l’ensemble des principaux oligarques s’unir et dépenser des sommes colossales pour faire réélire Boris Eltsine face au candidat du PC, qui bien que pas si radical que ça, risquaient de remettre en question une partie des privatisations… Un véritable blietzkrieg médiatique.
Peu importe l’intitulé exact, le fond sera ” défaut ou tutelle “.
Soit la faillite du pays, soit sa soumission a la troïka. Bref, sous le verbiage démocrate, la même perspective: TINA (Ther Is No Alternative)
Pourtant, rien n’indique que ces tentatives d’étouffer la révolte du prolétariat grecs soient suffisantes. Comme indiqués plus haut, nous reviendrons là dessus dans un article plus approfondi, car il y a de quoi dire: ,mouvement “je ne paie pas” ( ce qu’ a tantquil on ne peut qu’apprécier!) assemblées populaires, créations de syndicats de bases, etc etc. Il s’agit aussi d’évoquer les limites, par exemples trop souvent “gestionnaires” de ces mouvements. Mais dans tout les cas, ils existent, se développent, gagnent en force et en audience. C’est aussi un enseignement de ce référendum.
Donnons la conclusion à un vieux barbu: